Atlético-Inter: comment Pavard et Thuram ont éteint les doutes et conquis la Lombardie

Unique buteur à l'aller en Italie (1-0), Marko Arnautovic n'est pas certain de débuter le huitième de finale retour de Ligue des champions entre l'Atlético de Madrid et l'Inter ce mercredi (dès 21h sur RMC Sport 1). Et pour cause, l'expérimenté joueur autrichien risque une nouvelle fois de voir Simone Inzaghi lui préférer Marcus Thuram pour épauler Lautaro Martinez sur le front de l'attaque lombarde.

Pas une première cette saison tant le buteur tricolore s'est rendu indispensable dans cette équipe. A l'image du non-moins indiscutable Benjamin Pavard, "Tikus" réalise une superbe première campagne avec les Nerazzurri.

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Thuram a fait oublier Lukaku

Arrivé libre en provenance du Borussia Mönchengladbach, Marcus Thuram ne semblait pas constituer le premier choix de l'Inter au moment de remplacer Romelu Lukaku ou Edin Dzeko. Au début de la saison, Alexis Sanchez et Marko Arnautovic possédaient, sur le papier, une petite longueur d'avance sur le Français qui suscitait "une attente modérée" chez les tifosi selon les mots de Johann Crochet.

"Qu’il ait du temps de jeu oui, mais qu’il soit indispensable par rapport à Marko Arnautovic qui était passé par la Serie A ou par rapport à Alexis Sanchez qui connaissait l’Inter et qui avaient tous les deux plus d’expérience...", analyse ainsi le spécialiste du football italien pour RMC Sport. "On se disait qu’il lui faudrait peut-être un peu de temps pour avoir une place de titulaire, mais en fait cela a été immédiat."

Titulaire indiscutable, Marcus Thuram a débuté 25 des 28 premières journées de Serie A. Les deux matchs manqués étaient consécutifs à une blessure et son unique non-titularisation est intervenue pour sa reprise. Avant cela, le Français s'était déjà rendu indispensable avec 12 buts et 11 passes décisives en 36 apparitions toutes compétitions confondues.

"Il a totalement fait oublier Lukaku, mais aussi parce que Lukaku y a mis du sien et a cassé cette relation d’amour qu’il y avait avec les supporteurs de l’Inter", souligne encore Johann Crochet.

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L'adaptation express du très attendu Pavard

Si Marcus Thuram a fait oublier "Big Rom", Benjamin Pavard a éclipsé Milan Skriniar. Parti libre au PSG, l'ancien capitaine intériste ne parait pas trop avoir laissé de regrets. Pendant que le Slovaque est sur le flanc pour pour un bon moment, son successeur à Milan impressionne. Lui aussi indispensable quand il est apte, le champion du monde 2018 a déjà joué 23 rencontres avec les Lombards. Avec 35 millions d'euros investis sur lui pendant le mercato pour lui faire quitter le Bayern, Benjamin Pavard était attendu et a réponde présent.

"Il y a déjà l’adaptation de l’Inter et Pavard a été très malin dans sa communication avec son 'Benji l’Interista' alors qu’il n’avait pas encore signé à l’Inter", rappelle également Johann Crochet sur l'ancien défenseur de Lille. "C’est quelque chose avec lequel il a joué sur les réseaux sociaux et ça a créé une sympathie auprès de lui qui est presque fictive parfois. Comment dire 'Benji l’Interista' alors que tu n’as pas encore signé? C’est un exercice de com' et il a été très bon là-dessus. Il y avait un a priori favorable avant même qu’il joue. Et quand il a joué, tout simplement il a été très bon. Donc ça n’a fait qu’amplifier sa cote de popularité, sa place dans l’équipe."

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Thuram, le complément idéal de Lautaro

Capable de rapidement s'adapter au niveau d'exigence de l'Inter Milan, Marcus Thuram a, de fait, franchi un cap dans sa carrière. Arrivé d'Allemagne où il ne jouait pas régulièrement l'Europe et où il n'avait que peu de chances de remporter le championnat, l'attaquant de 26 ans a parfaitement réussi ses premiers mois en Serie A. Le retour aux sources, pour celui qui est né à Parme quand son papa y évoluait, a été très bénéfique et les résultats probants.

Pour expliquer ce beau début de saison en Italie, "Tikus" peut aussi compter sur sa belle association avec Lautaro Martinez. Déçu de voir partir Romelu Lulaku, l'Argentin a rapidement adopté le Français. Surtout, Marcus Thuram offre à cet Inter et à sa star argentine de nouvelles possibilités tactiques par rapport aux pivots plus classiques que constituaient le Belge ou Edin Dzeko.

"Là, entre Lautaro et Thuram, il y a une capacité à bien s’entendre et à faire tous les deux les efforts en décrochant, en prenant la profondeur, en allant un peu sur le côté, en libérant des espaces pour l’autre", détaille Johann Crochet. "Les deux sont capables de le faire et c’est une force parce qu’ils ne se marchent pas sur les pieds. C’est lié aussi à leur très bonne relation et ils comprennent que, quand l’un fait quelque chose, il ne faut pas aller dans la même zone et il faut lui ouvrir des espaces ou lui donner une solution avec le ballon."

Et le spécialiste du football transalpin pour RMC Sport d'ajouter: "Il n’y a aucun point de référence pour les adversaires, ils ne peuvent pas se dire que l’un va jouer pivot et donc faire une individuelle totale en anticipant son jeu. Avec Thuram et Lautaro, un coup l’un joue en neuf et demi et l’autre en neuf puis inversement selon les actions et là où se déroule le jeu."

Pavard, le central parfait pour cet Inter

Marcus Thuram tire pleinement profit de ce système à deux attaquants et a réussi à étoffer son jeu pour devenir plus complet. L'attaquant réalise même déjà sa meilleure saison au niveau des statistiques offensives (buts et passes décisives). Benjamin Pavard a lui aussi atteint un niveau de performances remarquables avec l'Inter. Des prestations abouties qui tirent leur origine dans cette adéquation entre les qualités du défenseur et les attentes tactiques de Simone Inzaghi.

"Dans l’équipe il a un profil qui correspond totalement à ce que Simone Inzaghi veut de ses défenseurs centraux axe gauche et axe droit. Avec Bastoni, tu as un joueur capable d’avancer ballon au pied, qui a un très bon jeu long. Il y a une notion très importante du dépassement… peut-être pas de fonction mais une vision moderne des différents postes sur le terrain chez Simone Inzaghi", pointe Johann Crochet. "Un défenseur central de côté, c’est parfois un défenseur latéral mais c’est aussi un milieu relayeur parfois, cela peut également être un ailier."

Parfois considéré comme un joueur trop limité dans ses qualités ou son potentiel, Benjamin Pavard possède l'avantage d'avoir un profil assez complet. A la fois capable de se projeter avec le ballon, d'intervenir défensivement grâce à son placement, le central qui fêtera ses 28 ans le 28 mars, sait aussi récupérer le ballon dans les pieds adverses. Et ça tombe bien, voilà tout ce que lui demande son coach à l'Inter.

"Ce poste de central axe droit, c’est un peu un mix de tout ce qu’il aime faire. C’est un peu un mix entre central et latéral droit", se félicite encore le spécialiste de la Serie A pour RMC Sport. "Il a souvent été ballotté entre club et équipe de France. Là tu as à la fois de vraies tâches dans l’élaboration du jeu ou dans la construction du jeu depuis l’arrière mais aussi dans la capacité à se projeter et à amener des solutions offensives."

Et Johann Crochet de poursuivre: "Il y aussi le côté défenseur central avec la rigueur défensive, le fait d’être attentif, les couvertures sur la profondeur. C’est sans doute, avec ce que Simone Inzaghi attend de ce poste-là, c’est sans doute un fit qui est vraiment très bon entre Pavard et l’Inter."

Un statut renforcé chez les Bleus de Deschamps?

Champion du monde et titulaire lors du Mondial 2018, Benjamin Pavard a depuis perdu son statut de titulaire indiscutable en équipe de France. Didier Deschamps, qui annoncera jeudi sa liste pour les matchs amicaux contre l'Allemagne et le Chili, suivra certainement avec une attention toute particulière le duel européen entre l'Atlético de Griezmann et l'Inter du duo Pavard-Thuram.

Si la concurrence n'est pas la même chez les Bleus qu'à l'Inter, Benjamin Pavard y a surtout été utilisé en tant que latéral plutôt qu'en charnière. Pas sûr que le sélectionneur tricolore décide de le tester dans l'axe pendant la trêve internationale malgré sa grosse saison en Lombardie. Le risque existe aussi de voir le central rester dépendant du système intériste à trois défenseurs. Même s'il a parfois déjà montré de belle chose dans une charnière à deux.

"Il l’a fait au Bayern parfois. Donc il a été aussi performant à ce poste-là. Après, la question ne se pose tellement pas en ce moment à l’Inter car Simone Inzaghi c’est défense à trois, défense à trois et défense à trois", nuance enfin Johann Crochet. "Il ne bouge pas de son 3-5-2 et quand il le fait varier, très rarement, c’est plutôt offensivement en mettant un joueur offensif de plus et en enlevant un milieu de terrain notamment sur les rares fois où ils ont été menés. Je pense que là, Benjamin Pavard a trouvé le bon système, le bon entraîneur, le bon contexte pour être performant. Et ça se passe dans une défense à trois, sur la droite de la défense centrale."

Pour Marcus Thuram, la donne est aussi très incertaine en équipe de France. Installé dans le groupe et impossible à déloger depuis la Coupe du monde 2022 au Qatar, l'attaquant se contente jusqu'ici d'un rôle de joker. Si certains observateurs espèrent le voir s'installer en pointe à la place d'Olivier Giroud, le meilleur buteur de l'histoire des Bleus conserve les faveurs de Didier Deschamps pour l'instant.

Et il faut reconnaître que la sélection tricolore n'évolue pas du tout dans le même système que l'Inter où excelle l'aîné de la fratrie Thuram. Habitué à jouer en duo avec Lautaro Martinez, Marcus Thuram se retrouve plus souvent seul dans l'axe quand il rentre sur le terrain avec l'équipe de France.

Et avec le 4-3-3 (ou 4-2-3-1 selon la position d'Antoine Griezmann) immuable des Bleus, le buteur ne devrait pas se retrouver dans son schéma préférentiel de sitôt. A moins que ses performances sur la fin de saison avec l'Inter ne le rende également indispensable aux yeu de Didier Deschamps. Le huitième de finale retour de Ligue des champions contre l'Atlético de Madrid lui donne l'opportunité de montrer qu'il peut prétendre à un nouveau rôle avec la France. Idem pour Benjamin Pavard qui martèle depuis d'année son ambition de jouer dans l'axe, son vrai poste, chez les Bleus.

Article original publié sur RMC Sport