Athènes et Rome invités à en faire devantage face aux migrants

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne pressera mercredi la Grèce et l'Italie d'en faire davantage pour contrôler les migrants et réfugiés arrivant en Europe par la Méditerranée. L'exécutif bruxellois doit présenter un rapport d'évaluation des progrès effectués par les deux pays, en première ligne dans la crise migratoire, dans la perspective du Conseil européen des 18 et 19 février. L'une des questions examinées par la Commission sera celle des centres d'accueil et d'enregistrement des migrants ("hot spots"). Le commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, qui présentera la position de Bruxelles, en a discuté mardi avec le ministre grec de la Défense, son compatriote Pannos Kammenos. Le gouvernement grec, accusé par la Commission de "graves négligences" vis-à-vis de ses obligations en matière de surveillance des frontières prévues par les accords de Schengen, s'est vu donner trois mois, fin janvier, pour y remédier. Il a promis lundi d'ouvrir d'ici au 15 février cinq "hot spots" sur les îles grecques les plus proches de la Turquie et deux centres de relocalisation sur le continent. La Grèce n'en compte qu'un pour l'instant, sur l'île de Lesbos. Les conclusions de la Commission constituent une étape clé vers une éventuelle extension, pour une période de deux années maximum, des contrôles frontaliers rétablis jusqu'en mai par certains pays membres au sein même de l'espace européen de libre circulation à la suite de la crise migratoire. Pour que cette extension soit appliquée, les Etats de l'UE doivent être d'accord pour dire que des "insuffisances graves et persistantes" dans les contrôles aux frontières extérieures de Schengen mettent en péril l'existence même de l'UE, et la décision doit être approuvée à la majorité qualifiée par le Conseil européen. 76.000 ARRIVÉES EN SIX SEMAINES Un diplomate indique que les 28 chefs d'Etat et de gouvernement réunis la semaine prochaine à Bruxelles devraient examiner les moyens d'aider le gouvernement grec à réparer ses "négligences" sans toutefois "stigmatiser" Athènes. Selon un projet de conclusions obtenu par Reuters, les dirigeants européens devraient continuer de souligner que l'afflux de migrants en provenance de la Turquie est "beaucoup trop élevé" et relever des progrès de la part de l'Italie et de la Grèce tout en notant qu'il "reste beaucoup à faire". L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré mardi que les migrants et réfugiés avaient été dix fois plus nombreux à arriver en Europe par la mer au cours des six premières semaines de l'année que durant la même période en 2015. Il y a eu plus de 76.000 arrivées (70.365 en Grèce et 5.898 en Italie) précise l'OIM, et 409 candidats à l'émigration se sont noyés en Méditerranée, contre 69 pendant les six premières semaines de 2015. Critiquées par les autres pays membres, l'Italie et la Grèce dénoncent le manque de solidarité à l'échelle européenne et justifient leurs difficultés par le nombre massif d'arrivées sur leur territoire. L'OIM précise que la Grèce devrait recevoir en mars son millionième migrant depuis le début de la crise. "Si la moitié des décisions et résolutions prises l'an dernier par l'Union européenne avaient été appliquées, la situation serait bien meilleure aujourd'hui", a déclaré mardi William Spindler, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. "Les mécanismes existent déjà, les décisions ont été prises (...), mais, malheureusement, beaucoup de pays européens ne tiennent pas leurs engagements." (Gabriela Baczynska, avec Alissa de Carbonnel, Jan Strupczewski et Alastair Macdonald, Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)