«Assume Form», intime convulsion

Le nouveau James Blake surprend sans cesse, invitant une multitude de voix dans un monde éthéré d’harmonies et de rythmes vertigineux.

«Connecter le mouvement aux sentiments.» Dès les premiers mots d’Assume Form, James Blake installe en quelques infrabasses semées d’arpèges le climat de sa voix intime. Puis, pareil à l’effet d’un philtre, tout se brouille sur une première répétition : «You know, you know, you know…» - et voilà le paysage entier qui change, comme après une éclaircie soudaine. Vertige et inventivité se vérifieront minute après minute au gré des titres. Qu’il épouse les formes d’une trap fantomatique ou d’un gospel ralenti, qu’il emprunte un violoncelle ici, ou là le vibrato d’une chanteuse lyrique, James Blake déploie en nos oreilles un univers d’éther sonore. Les rythmes sont profonds et lourds, et pourtant quelque chose du mouvement permanent se dérobe à nous, et les harmonies vocales superposées opèrent comme par magie. Comment dire autrement la joie renouvelée des écoutes successives ?

En évoquant bien sûr ce qui fait le cœur de ce quatrième geste : les collaborations. On croise donc la star américaine Travis Scott, l’Espagnole Rosalía, les producteurs Metro Boomin et Dominic Maker (Mount Kimbie), André 3000 pour l’excellent Where’s the Catch, l’ami Moses Sumney sur Tell Them. Au-delà du chic tableau de classement, James Blake obtient de chacune de ces rencontres qu’elle dépasse la démonstration de force, personne ne prenant l’avantage. «Have you ever co-existed so easily ?» («as-tu déjà coexisté si aisément ?») demande-t-il dans Power On.

On retiendra surtout la rencontre avec Rosalía, qui fait basculer l’album vers le sublime. Ni post-flamenco ni r’n’b du futur, Barefoot in the Park a la grâce étrange d’un Lee Perry chantant l’oiseau dans sa cage, le côté «moment de vérité» d’une grande finale. Grand amateur de tennis, James Blake expliquait se refuser au revers à deux mains, jugeant le coup laid et déshonorant. Il en va visiblement sur le terrain (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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