Assemblée nationale : Gabriel Attal accusé de jouer « de la flûte » sur le budget, il répond « dette enchantée »

POLITIQUE - Gabriel Attal featuring Mozart et Wagner. Pour la toute première fois ce mercredi 3 avril, les questions au gouvernement sont devenues des questions au Premier ministre. L’occasion pour tous les députés d’obtenir directement une réponse du chef du gouvernement, lequel a joué au chef d’orchestre pour répondre à une pique musicale de Sébastien Chenu.

Assemblée : Gabriel Attal va confirmer sa stratégie de l’omniprésence avec les « QAG » nouvelle formule

Le député RN du Nord, vice-président de l’Assemblée nationale, a interrogé Gabriel Attal sur la réduction du déficit public et étrillé la politique budgétaire menée sous Emmanuel Macron, régulièrement et ironiquement qualifié par Jordan Bardella de « Mozart de la finance ». « L’air de flûte que vous jouez aux Français n’a rien d’enchanté pour les Mozart de la finance. Coincés par une absence totale de stratégie, c’est le système social construit par et pour les Français que vous êtes en train de raboter », a taclé Sébastien Chenu ce mercredi, moquant une majorité plus proche du « requiem » – prière et chant de l’église catholique pour les morts — « que du kyrie », qui fait plus écho à une acclamation.

En réponse, Gabriel Attal a choisi de filer la métaphore musicale. « C’est toujours surprenant de vous entendre parler de responsabilité budgétaire », a répliqué le Premier ministre, fustigeant plusieurs propositions économiques du RN, sur la retraite à 60 ans ou encore la baisse des taux de TVA « sans garantie que ça fera baisser les prix ». « Vous nous parlez de Mozart de la finance, avec vous ce serait le “Crépuscule des retraites” et la “Dette enchantée” », ajoute-t-il, citant deux classiques, le premier de Wagner (Le Crépuscule des dieux) et le second de Mozart (La Flûte enchantée).

Un véritable show pour lancer une expérimentation inédite au Palais Bourbon autour du Premier ministre. Jusqu’au mois de mai, Gabriel Attal répondra ainsi seul tous les mercredis aux élus, avant que la pérennisation (ou non) de cette nouvelle formule soit décidée.

La réforme de l’assurance chômage, risque de cacophonie pour la majorité ?

Le député du Rassemblement national n’a pas été le seul à demander des comptes au Premier ministre sur le déficit budgétaire. Les députés Fabien Roussel (GDR), Adrien Quatennens (LFI) et Martine Froger (LIOT) ont tous réclamé des explications sur la façon dont le gouvernement entendait répondre aux difficultés économiques du pays et des Français. Ont ainsi été évoqués la taxation des ménages les plus aisés, que Bruno Le Maire écarte systématiquement, et la réforme de l’assurance chômage, seule piste avancée à ce stade par l’exécutif.

Le Premier ministre a défendu la ligne de son gouvernement, en dépit des voix discordantes qui s’élèvent doucement au sein de sa majorité. Plusieurs députés, dont la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, ont en effet publiquement dit leurs doutes sur l’efficacité d’une telle réforme sociale pour répondre à une problématique budgétaire. Interrogée sur ces dissensions à l’issue du Conseil des ministres ce 3 avril, la porte-parole du gouvernement a jugé « plutôt sain » qu’il y ait « des échanges et des débats au sein de cette majorité ». « Ces débats ne sont pas là pour nous opposer mais pour faire grandir et avancer », temporise Prisca Thevenot. À condition qu’il ne vire pas à la cacophonie, la fausse note douloureuse de la loi immigration résonnant encore.

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