Assassinat de Samuel Paty: un représentant des Tchétchènes d'Europe "horrifié" par l'attentat

Des hommages à Samuel Paty devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine.  - Bertrand Guay
Des hommages à Samuel Paty devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine. - Bertrand Guay

Dimanche passé en marge du rassemblement organisé place de la République, Jean-Luc Mélenchon avait fait polémique. Interrogé sur l'assassinat deux jours plus tôt de Samuel Paty, le leader de la France insoumise avait directement pointé du doigt la "communauté tchètchène", qui rassemble entre 30.000 et 60.000 personnes en France et dont l'assaillant est issu.

"Il faut interroger sur ce qui se passe avec les Tchétchènes en France. On a accueilli des Tchétchènes qui étaient les partisans d’une guerre civile sur fond de religion. Voilà la deuxième fois qu’on a affaire à des individus liés à cette communauté, ca ne peut pas continuer comme ça", avait-il alors dénoncé.

Condamnation ferme des Tchétchènes

Interrogé sur BFMTV, Chamil Albakov, porte-parole de l’Assemblée des Tchétchènes d’Europe, un rassemblement d'une vingtaine d'associations tchétchènes, a condamné avec la plus grande fermeté l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine.

"En tout premier lieu, on souhaite de nouveau confirmer notre position. On condamne d’une façon très ferme ce qui s’est passé et on n’ose même pas penser à ce que ressent la famille et les proches de la victime. À travers notre assemblée et d’autres associations, nous avons présenté nos condoléances, nous avons condamné cet attentat, c’est une position qu’on veut faire entendre", assure-t-il.

"On n'est pas là pour semer la terreur"

Si Jean-Luc Mélenchon a reconnu une "erreur" en utilisant le terme de "communauté tchétchène", selon le numéro deux de LFI Adrien Quatennens, Chamil Albakov ne décolère pas et dénonce une récupération politique. Il salue l'attitude de la France, qui a accueilli des Tchétchènes lors de la guerre civile qui a ensanglanté la région.

"Au nom de toute notre communauté, nous sommes reconnaissants pour tout ce qu’ils ont fait pour nous. Ce qui s’est passé nous a horrifié et les Français doivent comprendre qu’on condamne. On n’est pas là pour semer la terreur, la peur. (...) On est ici en France, la plupart s’intègrent, apprennent la langue, travaillent", ajoute-t-il.

Toujours à l'adresse de Jean-Luc Mélenchon, ce même porte-parole insiste sur le fait que la majorité des Tchétchènes est intégrée dans la société civile française.

"Je souligne à Mélenchon que des milliers de Tchétchènes sont en train d’assurer la sécurité des Français dans les commerces, magasins, piscines, et d’autres milliers sont en train de construire, ils travaillent dans le bâtiment, dans tous les secteurs de la vie française. Ce n’est pas parce qu’il y a un jeune qui a été manipulé que Mélenchon ou d’autres ont le droit de nous accuser d’une telle façon", martèle-t-il.

Une manifestation à Nice

Alors pour ne pas laisser place à l'amalgame, Chamil Albakov estime que sa communauté doit prendre la parole et continuer à condamner l'attentat. C'est ce qui s'est passé ce lundi à Nice, où une cinquantaine de Tchétchènes se sont regroupés place Massena afin de rendre hommage à Samuel Paty.

"On n’est pas du tout d’accord avec ça, on est très attristées et on ne veut pas que ça arrive. Personne ne mérite d’être assassiné d’une telle manière", estimait une manifestante, tandis qu'un autre soulignait les nombreuses menaces de mort reçues sur les réseaux sociaux ces derniers jours.

"L’assemblée des Tchétchène d’Europe a encouragé tous les ressortissants à s’exprimer, à parler", conclut Chamil Albakov.

Ces dernières années, la communauté tchetchène a été ébranlée à plusieurs reprises par des attaques ou des faits de violence. En mai 2018, l'auteur d'une attaque au couteau qui avait fait un mort à Paris était d'origine tchétchène. Il y a quelques mois, plusieurs groupes de cette même communauté avaient fait régner la terreur à Dijon, où ils s'étaient affrontés avec plusieurs groupes de jeunes locaux.

Article original publié sur BFMTV.com