"As Bestas", le thriller choc avec Marina Foïs et Denis Ménochet

Denis Ménochet et Marina Foïs dans
Denis Ménochet et Marina Foïs dans

Un choc. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire As bestas, nouveau film de Rodrigo Sorogoyen, réalisateur espagnol qui s'est imposé en moins d'une décennie comme l'un des maîtres du thriller contemporains.

Après Que Dios nos perdone (sur la traque d'un tueur en série), El reino (sur la corruption en politique) et Madre (sur une femme qui croit retrouver son fils kidnappé), il impressionne une nouvelle fois avec As Bestas, où Marina Foïs et Denis Ménochet livrent les meilleures prestations de leur carrière.

As bestas se déroule dans un petit village de Galice, à l'ouest de l'Espagne. Un couple de Français, installés là depuis longtemps, y restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Leur quotidien change lorsqu'ils s'opposent à un projet d’éolienne. La tension monte avec leurs voisins jusqu’à l’irréparable...

Tout est parti d'un véritable fait divers, se souvient Rodrigo Sorogoyen: "C'était un couple hollandais. Ils vivaient heureux dans ce village de Galice, mais ils avaient des problèmes avec leurs voisins. Puis le mari a disparu. Mais ce n'est pas ça qui nous a intéressés. Ce qui nous a intéressés, c'est pour quelles raisons cette femme a continué d'habiter là. C'est cette question sans réponse qui nous a motivés à écrire le film."

"Il veut toujours surprendre"

Thriller rural filmé comme un western, As Bestas est, comme les précédents films de Rodrigo Sorogoyen, une réflexion sur la brutalité des êtres humains, les rapports de soumission et la facilité avec laquelle la violence peut surgir dans les relations humaines.

"Ce qui l'intéresse, c'est l'être humain: comment on se débat entre nos rêves et nos impuissances", salue Marina Foïs. Elle l'a découvert avec Que Dios nos perdone, qu'elle place au même niveau que Memories of Murder de Bong Joon-ho, "un des chefs d'œuvre du cinéma contemporain". "Il veut toujours surprendre", ajoute Denis Ménochet. "Plus ça va, plus je suis fasciné."

"C'est un cinéaste qui s'empare des genres pour les réinventer", renchérit sa partenaire. "Le résultat est toujours passionnant. Il n'a peur de rien. Il fait des films qui nous questionnent. C'est une des vertus du cinéma. Tous les grands films nous font nous questionner sur notre morale. J'oublie très vite les films qui me disent comment penser, parce qu'ils ne m'apportent aucune solution. Ceux qui me questionnent me restent."

Les deux acteurs mesurent d'ailleurs leur chance de travailler avec un tel cinéaste: "En France, on est très confortable", confirme Marina Foïs. "A l'étranger, personne ne vous connaît. La seule valeur sur laquelle on s'accorde est le travail fait. C'est une chance et une occasion de se renouveler."

Sans compter que tourner en espagnol est profondément "libérateur", indique Denis Ménochet: "C'est comme si on s'était décomplexé. Ça donne une vraie force." Une force nécessaire pour tourner les plans-séquences, une des marques de fabrique de Sorogoyen. Il lui suffit d'une simple partie de domino filmée en plan fixe pour créer dans As Bestas une tension insoutenable.

Maintenu en haleine pendant 2h17

Dans As Bestas, Rodrigo Sorogoyen maintient le public en haleine pendant 2h17, sans aucun artifice. En plus de Marina Foïs et de Denis Ménochet, il s'appuie sur des comédiens espagnols au sommet de leur art, dont Luis Zahera.

Denis Ménochet, qui lui donne notamment la réplique dans un plan-séquence de dix minutes, a été impressionné par cet acteur "imprévisible", multirécompensé en Espagne: "Il est dans l'histoire, dans le texte, puis tout d'un coup il s'emporte, c'est comme un volcan. Il est en ébullition en permanence."

Selon Marina Fois, Rodrigo Sorogoyen occupe une place à part dans le paysage cinématographique actuel. Et c'est pour cette raison que ses films, et en particulier As Bestas, rencontrent un tel succès critique et public:

"Il a une vraie liberté. Son désir et sa curiosité seront toujours plus forts que ses peurs. Il est aussi supérieurement intelligent. Il a su très tôt qu'il pouvait comprendre les gens et les systèmes un peu plus vite que tout le monde. Son intelligence liée à son impatience et sa peur de l'ennui fait qu'il est toujours obligé d'être en train de créer et d'innover."

Rodrigo Sorogoyen planche en effet sur "cinq, six, sept" projets en parallèle. "C'est la première fois depuis très longtemps que j'ai autant de projets! Je ne sais pas lequel se fera en premier." Et il ne s'interdit pas de tourner en France. Après Madre et As Bestas, deux coproductions franco-espagnoles, il se sent prêt: "C'est toujours intéressant de travailler avec la France."

Le réalisateur a pour le moment abandonné sa série sur la guerre civile espagnole. Le projet, trop ambitieux, devait se tourner cette année, mais a été annulé par la chaîne de télévision espagnole Movistar Plus+. "On a été très triste", confie Rodrigo Sorogoyen. "Je crois qu'on la fera dans quelques années. Le bon côté des choses, c'est que ça va me permettre d'être en vacances. Ça fait cinq ans que je n'en ai pas pris!"

Article original publié sur BFMTV.com