Arthur Chevallier – Les habits neufs du fascisme, vraiment ?

Giorgia Meloni, le 26 septembre 2022.  - Credit:ELIANO IMPERATO / Controluce via AFP
Giorgia Meloni, le 26 septembre 2022. - Credit:ELIANO IMPERATO / Controluce via AFP

L'irrationnel advient parfois d'après une suite logique. Voilà qui pourrait résumer la victoire de la coalition menée par Giorgia Meloni. Comment une candidate qui se réclamait du fascisme il y a quelques années a-t-elle pu convaincre des électeurs ? Cette question conduit à deux réponses possibles : soit les Italiens sont convaincus qu'elle a changé – Mussolini n'aurait été qu'une tocade de jeunesse –, soit ils sont persuadés qu'elle n'a pas changé et qu'un programme inspiré du fascisme serait un remède aux maux de leur nation.

D'après ses admirateurs, Meloni n'est pas fasciste. Peut-être, mais elle, en tout cas, elle est méchante. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter un de ses discours, en fait d'interminables et pénibles engueulades à l'adresse du monde entier qui ne comprend rien ni à Dieu, ni à l'Italie, ni surtout à elle. La colère, l'énergie, le doigt pointé à droite, à gauche, devant, derrière, cette gestuelle capricieuse, vulgaire, revancharde, comme si, jusqu'à aujourd'hui, on l'avait forcée à porter des moufles ; ce regard à la fois calculateur, malveillant et triomphal ; cette voix disharmonieuse, qui déraille en fausse note, enveloppe la foule, la surplombe avant de se fracasser sur elle comme une lame sur un chalutier ; ce spectacle minable de domination à peu de frais ; cette comédie prétendument martiale ; cette débauche de provocations stériles et envieuses, qui révèlent une jalousie – de quoi ? C'est la question – aussi malséante qu'év [...] Lire la suite