Arsenal, Aston Villa, Real Madrid... on a peut-être trouvé le secret ultime pour ne pas rater son tir au but

Jude Bellingham pourrait donner un cours particulier à Bernardo Silva. Lors de la séance de tirs au but entre le Real Madrid et Manchester City, mercredi soir en Ligue des champions, l'Anglais a pris son temps plus que n'importe quel autre joueur sur la pelouse. Et il a marqué. Le Portugais, lui, s'est précipité et a échoué. On connaissait déjà toute une panoplie d'astuces à mettre en place pour réussir un pénalty ou un tir au but. Prendre son temps est peut-être la trouvaille ultime.

Quelques secondes et une grande respiration

Six secondes. C'est le temps qui s'est écoulé entre le coup de sifflet de l'arbitre et le moment où Jude Bellingham a entamé sa course pour frapper son tir au but face à Ederson. Même les plus grands joueurs du monde ont besoin de faire retomber la pression. L'Anglais a ainsi réussi sa tentative. Peu de temps après lui, avant de frapper le tir au but vainqueur, Antonio Rüdiger, filmé en gros plan par la réalisation, a pris une grande inspiration après le coup de sifflet.

De l'autre côté, Bernardo Silva s'est précipité: moins d'une seconde entre le signal de l'arbitre et le début de sa course d'élan, pour un tir manqué qui a terminé dans les mains du gardien adverse. Evidemment, tout ça n'est pas une science exacte: Foden, Ederson ou Nacho ont aussi marqué durant cette séance avec un temps de réaction très court. Mais prendre quelques secondes augmente drastiquement ses chances de marquer.

Les études scientifiques confirment. Chez les joueurs dont le temps de réaction au coup de sifflet est inférieur à 0,2 seconde, le taux de penalties réussis est de 57%, contre 80% pour ceux qui patientent au moins une seconde. Et en vérité, même une seconde serait trop peu. "Quand l'arbitre donne son coup de sifflet, il faut prendre son temps, insiste Geir Jordet, chercheur sur le sujet. Prendre deux ou trois inspirations, attendre trois ou quatre secondes."

Aston Villa a mieux géré que Lille

Moins de 24 heures après cette séance en Ligue des champions, Lille et Aston Villa ont aussi eu droit à des tirs au but (en raison du bruit au Vélodrome, il est impossible d'analyser la séance de Marseille-Benfica). Et là aussi, l'équipe qui s'est le moins précipitée s'en est mieux sortie. Quatre des cinq tireurs du club anglais ont attendu au moins quatre secondes après le coup de sifflet de l'arbitre.

Pour Douglas Luiz, c'était même huit secondes. Le Brésilien, tireur attitré des Villans pour les penalties, est un habitué. Face à Burnley cette saison, le milieu de terrain avait marqué un pénalty en attendant 14 secondes pour démarrer sa course. Dans sa carrière, Douglas Luiz n'a d'ailleurs raté qu'une tentative, en juin 2019. Depuis, il est intraitable.

A l'inverse, Lille a semblé davantage pressé. Peut-être mis sous pression par la présence d'Emiliano Martinez, réputé dans l'exercice, Nabil Bentaleb, Jonathan David et Benjamin André ont démarré leur course d'élan seulement une seconde après le coup de sifflet de l'arbitre. Deux d'entre eux ont buté sur le gardien argentin. Rémy Cabella et Angel Gomes, les deux autres tireurs, ont patienté à peine plus de deux secondes.

Arsenal et Bukayo Saka, spécialistes ultimes

Mais si dans les exemples de cette semaine en Coupe d'Europe, l'attente relève davantage d'une initiative personnelle de certains joueurs, une équipe en a fait sa marque de fabrique: Arsenal. Après leur séance perdue contre le Sporting, la saison passée en Ligue Europa, les Gunners ont collectivement fait évoluer leur routine. Dès le Community Shield remporté aux tirs au but contre Manchester City, au mois d'août, ils ont fait preuve de beaucoup de patience.

Les quatre tireurs londoniens (Odegaard, Trossard, Saka, Vieira), à l'époque, avaient attendu en moyenne 7,05 secondes pour démarrer leur course après le coup de sifflet de l'arbitre. Ils avaient tous marqué. A l'inverse, les trois joueurs de Manchester City avaient attendu en moyenne 1,19 seconde et connu deux ratés. Arsenal, depuis, a remis ça avec succès contre Porto, en huitième de finale de Ligue des champions. Odegaard, Havertz, Saka et Rice ont tous attendu entre 4 et 8 secondes.

Bukayo Saka en a même fait sa spécialité. Cette saison, l'Anglais a inscrit cinq penalties (en dehors des séances de tirs au but), soit 100% de réussite. A chaque fois, il a patienté entre 10 et 12 secondes pour s'élancer après le coup de sifflet. Une éternité pour le gardien adverse, le temps pour Saka de reprendre son souffle et de maîtriser les évènements.

Article original publié sur RMC Sport