Arrestation de Laurent Vinatier en Russie : ce que risque le Français après son placement en détention provisoire

Laurent Vinatier, dans la cage des accusés lors de son audience devant un tribunal russe, ce vendredi 7 juin à Moscou.
NATALIA KOLESNIKOVA / AFP Laurent Vinatier, dans la cage des accusés lors de son audience devant un tribunal russe, ce vendredi 7 juin à Moscou.

INTERNATIONAL - L’inquiétude augmente encore pour Laurent Vinatier. Désormais incarcéré en Russie après son placement en détention provisoire par un tribunal de Moscou, le sort du Français Laurent Vinatier, collaborateur d’une ONG suisse de règlement des conflits, est maintenant suspendu à la tenue d’un éventuel procès contre lui.

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Ce vendredi 7 juin, l’audience au tribunal Zamoskvoretski de Moscou a permis à Laurent Vinatier d’entendre le seul chef d’accusation retenu contre lui. Celui de ne pas s’être enregistré comme « agent de l’étranger ». Une législation qui permet à la Russie de réprimer ou surveiller ses détracteurs et adversaires, d’autant plus depuis le début de la guerre en Ukraine qui a isolé le pays sur la scène internationale.

Placé en détention jusqu’au 5 août, le chercheur français est apparu dans la cage réservée aux accusés. Il a présenté « ses excuses pour ne pas s’être enregistré » comme « agent de l’étranger ». « D’autant plus que dans tout mon travail, j’ai toujours essayé (...) de présenter, soutenir, expliquer l’intérêt de la Russie », a-t-il ajouté.

Les arguments de son avocat n’ont visiblement pas plus convaincu le tribunal moscovite, lorsqu’il a expliqué que son client « ne savait pas » qu’il était obligé de s’enregistrer sous ce label. Sa demande de placement en résidence surveillée à Moscou, chez son épouse, et non en centre de détention, n’a pas été suivie par la justice russe.

Une lourde peine de prison à la clé

En attendant un éventuel procès, le risque d’une peine de prison pèse désormais sur le quadragénaire marié et père de quatre enfants. Le fait de ne pas s’être enregistré comme « agent de l’étranger » auprès des autorités russes est un délit passible de cinq ans de prison.

Le Comité d’enquête, puissant organe russe, avait d’ailleurs affirmé dès jeudi que Laurent Vinatier recueillait des informations sur les activités militaires russes qui, « si elles sont obtenues par des sources étrangères, pourraient être utilisées contre la sécurité de l’État » russe. Une accusation qui pourrait lui valoir d’autres poursuites.

De son côté, l’agence de presse russe Interfax précise que « l’accusation portée contre Laurent Vinatier prévoit une peine sous la forme d’une amende pouvant aller jusqu’à 300 000 roubles (3 118 euros), ou d’un travail obligatoire jusqu’à 480 heures, ou de travaux forcés jusqu’à cinq ans, ou d’une peine d’emprisonnement pour la même période ».

Des sources citées par l’AFP expliquent que le travail de ce Français pour l’ONG suisse Humanitarian Dialogue lui a permis de travailler depuis de nombreuses années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Des travaux qui avaient d’ailleurs commencé avant l’assaut russe de février 2022. Ce qui pourrait lui causer du tort, c’est le fait que les médiateurs d’ONG telles que Humanitarian Dialogue travaillent dans la confidentialité et hors des carcans de la diplomatie classique, ce qui peut exposer ces acteurs à des accusations d’espionnage.

Lors de l’annonce de son arrestation, le président français Emmanuel Macron avait pourtant affirmé que Laurent Vinatier n’était « en aucun cas (...) quelqu’un qui travaillait, qui travaille pour la France ». Ce vendredi, Emmanuel Macron a profité de sa conférence de presse aux côtés de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour demander sa libération sans délai, estimant que « les éléments de propagande qui ont été donnés sur lui ne correspondent pas à la réalité ».

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