Arras : une attaque au couteau au lycée Gambetta fait un mort et deux blessés graves

Les forces de l’ordre sécurisant le lycée Gambetta-Carnot, à Arras, théâtre d’une attaque au couteau, le 13 octobre 2023.
Pascal Rossignol / Reuters Les forces de l’ordre sécurisant le lycée Gambetta-Carnot, à Arras, théâtre d’une attaque au couteau, le 13 octobre 2023.

FAITS DIVERS - La communauté éducative de nouveau endeuillée. Dans un lycée d’Arras, dans le Pas-de-Calais, un homme armé d’un couteau a tué un enseignant et fait deux blessés graves ce vendredi 13 octobre, en fin de matinée.

Les faits se sont déroulés au lycée Gambetta-Carnot, a écrit le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur Twitter, précisant que l’auteur avait été interpellé.

L’homme, âgé d’une vingtaine d’années, d’origine tchétchène et fiché S pour radicalisation, a crié « Allah Akbar », selon une source policière à l’AFP. Son frère a également été interpellé à proximité d’un autre établissement scolaire, sans être en possession d’une arme, a ajouté une autre source policière.

Aucun lycéen blessé

Parmi les deux blessés, figurent un agent de sécurité en urgence absolue, après avoir été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative. Selon une source proche du dossier, l’agent est « très gravement blessé, entre la vie et la mort ». En revanche, aucun lycéen n’a été blessé.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Les investigations, aussi ouvertes pour tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste, ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (Sdat), service coordonnateur, à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a précisé le Pnat.

« La communauté musulmane est consternée devant cet acte ignoble, que nous condamnons avec la plus grande fermeté », s’est exprimé à La Croix le secrétaire de l’association cultuelle de la grande Mosquée el Feth d’Arras.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a égaelement indiqué sur les réseaux sociaux « condamne(r) fermement l’attaque », en qualifiant cet acte de « terroriste », présenter « ses sincères condoléances à la famille de la victime », et souhaiter « un prompt rétablissement aux blessés ».

La fédération Musulmans de France (MF) a également condamné « avec fermeté l’acte barbare » d’Arras dans un message sur X (anciennement Twitter). « Nous tenons à exprimer notre profonde tristesse et notre solidarité envers les victimes de cette tragédie et la communauté éducative », ajoute dans son message cette organisation proche des Frères musulmans, qui portait jusqu’en 2017 le nom de Union des organisations islamiques de France avant d’être rebaptisée Musulmans de France.

« On s’est barricadés »

Les lycéens et le personnel du lycée ont été confinés dans l’établissement. « On sortait de classe pour se rendre à la cantine, on a aperçu le gars avec deux couteaux en train d’attaquer le prof qui avait du sang sur lui. Il a essayé de le calmer et de nous protéger », ont témoigné des élèves de 3e auprès de La Voix du Nord. « Il nous a dit de partir on n’a pas trop compris, on a couru et d’autres sont remontés dans les étages ».

Un enseignant de philosophie ayant assisté à l’attaque, Martin Dousseau, a lui décrit un mouvement panique au moment de l’intercours, quand les élèves du collège se sont retrouvés face à un homme armé. « Il a agressé un personnel de la cantine, j’ai voulu descendre pour intervenir, il s’est tourné vers moi, m’a poursuivi et m’a demandé si j’étais professeur d’histoire-géographie », a-t-il ajouté. « On s’est barricadés, puis la police est arrivée et l’a immobilisé ». Selon lui, la victime est un professeur de français.

Une élève d’une classe de première a vu de près l’assaillant, depuis le premier étage de l’établissement. « J’ai vu un homme par terre, les mains rouges, il n’arrivait plus à respirer, il tenait sa poitrine et suppliait l’homme d’arrêter. Il était en train de mourir, en fait », a-t-elle notamment raconté auprès de RMC.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l’établissement, visiblement arme à la main, avant de se diriger vers la porte de l’établissement.

« La police est intervenue très rapidement, peut-être en raison du commissariat très proche ou des rondes effectuées », a rapporté le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand auprès de Paris Match. L’homme à l’origine de l’attaque « a été neutralisé avec un Taser ». La police est ensuite partie à la recherche des autres membres de sa famille et a arrêté son frère devant un autre établissement scolaire, sans être armé.

Vers 13h, deux heures après l’attaque, une troisième personne a été arrêtée près du lycée Robespierre, proche du centre-ville d’Arras, indique La Voix du Nord. Cet homme, porteur de deux valises à roulettes, un sac à dos et une sacoche, semblait vouloir entrer à l’intérieur de l’établissement.

Emmanuel Macron s’est rendu sur place

Le préfet du Pas-de-Calais Jacques Billant s’est rendu sur place, tout comme Emmanuel Macron, accompagné du ministre de l’Éducation Gabriel Attal et de son homologue de l’Intérieur, Gérald Darmanin, tandis qu’Élisabeth Borne a annulé un déplacement à Orléans pour revenir à Paris.

Le président français échangé avec les équipes de secours, les policiers, et les membres de l’équipe enseignante de l’établissement. En ressortant peu après 15H30, il a marqué une pause devant le corps de l’enseignant qui se trouvait encore devant le lycée, recouvert d’une couverture. Des équipes de police scientifique travaillaient autour.

Avant même d’être arrivé au lycée, Gabriel Attal a demandé à ce que soit renforcée « sans délai » la sécurité des établissements scolaires à travers le pays. Le ministre de l’Education nationale doit également tenir ce vendredi soir une réunion de crise les organisations syndicales. « La gravité de la situation le nécessite », a réagi Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa.

>/center>

À l’Assemblée nationale, les travaux ont été suspendus en solidarité avec les victimes, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessous. « Nous venons de prendre connaissance d’événements terribles qui se sont déroulés dans un établissement scolaire de la ville d’Arras, nous attendons de savoir ce qui s’est passé, mais d’ores et déjà l’Assemblée nationale exprime sa solidarité et ses pensées, à l’égard des victimes, de leurs proches et de la communauté éducative dans son ensemble », a dit la vice-présidente Naïma Moutchou, qui a levé la séance en cours dans l’hémicycle, après concertation avec les groupes politiques et le gouvernement.

Le maire de la ville d’Arras, Frédéric Leturque, a partagé sur Twitter l’emblème de la ville teinté de noir accompagné de ces quelques mots : « Arras est en deuil ». Dans un communiqué, la villle a déclaré « apporter son soutien et sa solidarité aux victimes, aux familles et à la communauté éducative ». « Ne cédons pas à la panique, ne relayons pas de fausses informations et restons unis », a également appelé la municipalité.

Ces faits interviennent trois jours avant les trois ans de la mort de Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, un citoyen russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans et bénéficiant du statut de réfugié, peu après être sorti de son collège de Conflans-Sainte-Honorine.

Une dizaine de jours avant, le professeur avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression. L’assaillant avait été tué par la police peu de temps après l’assassinat du professeur d’Histoire-géographie.

À voir également sur Le HuffPost :

Marwan Berreni : un corps retrouvé avec, sur lui, les papiers de l’acteur de « Plus belle la vie »

Corse : un avion de tourisme s’abîme au large de l’île et fait 4 morts