"Elle lui a arraché le lobe d'oreille": une enseignante de Gironde suspectée de violences sur des enfants de maternelle

Au moins quatre plaintes ont été déposées par des familles d'élèves faisant état de "violences physiques et psychologiques". Plusieurs enfants ont été déscolarisés et souffrent d'importantes séquelles.

Une enquête pour violences a été ouverte visant une enseignante de maternelle en Gironde, soupçonnée d'avoir giflé des enfants et de leur avoir tiré les oreilles, a indiqué le parquet ce vendredi 15 mars.

Cette enquête pour "violences volontaires sans ITT sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité" a été confiée à la cellule contre les atteintes aux personnes et à l'enfance (Cape) de la gendarmerie d'Arcachon, a déclaré le parquet, confirmant des informations du quotidien Sud Ouest.

Violences physiques

Selon le journal, au moins quatre plaintes ont été déposées par des familles d'élèves faisant état de "violences physiques et psychologiques" de la part d'une institutrice à Belin-Béliet, une petite ville de 5.500 habitants à une cinquantaine de kilomètres au sud de Bordeaux.

Des blessures à une oreille auraient été constatées sur deux enfants, ainsi que des comportements perturbés de la part de certains élèves, comme des terreurs nocturnes.

"Elle lui a arraché le lobe d'oreille parce qu’il a oublié de mettre son étiquette", raconte une mère de famille à France 3.

Depuis, son fils de 5 ans, aujourd'hui déscolarisé, vit dans l'angoisse. "S'il dépasse un dessin, il le déchire, se met dans des crises de nerfs phénoménales en disant qu’il est nul et qu'il ne sert à rien".

"Terreurs nocturnes"

Un témoignage similaire est rapporté à Sud Ouest par une mère concernant sa fille: "des maux de ventre, la peur de l’école, des crises de nerfs quand elle dessine et dépasse. Elle se traite de nulle, de bonne à rien", raconte-t-elle.

"Elle m’a dit que la maîtresse déchirait les dessins mais que c’était normal s’ils n’étaient pas bien faits. Quant au reste, elle ne veut rien dire de peur des représailles", confie une autre.

En effet, les récits d'humiliation psychologique sont nombreux. Une mère de famille raconte à cet égard que sa fille a été "fâchée" dès le premier jour de la rentrée pour ne pas être "allée assez vite pour mettre ses chaussons". Cette mère a décidé de porter plainte après avoir découvert que son enfant a été giflée devant plusieurs témoins.

"(Ma fille) souffre de terreurs nocturnes depuis le mois de septembre et a fini par avouer que la maîtresse tire les oreilles et gifle, tout en banalisant ces gestes", explique une autre femme.

Des cas antérieurs

Selon les témoignages, la situation n'est pas nouvelle. Il y a huit ans, une mère raconte qu'elle a vu l'enseignante secouer et faire tomber à terre son fils en lui hurlant dessus. "J’ai usé de mon droit de retrait et exigé que son frère et sa sœur ne se retrouvent pas avec elle. Mais cette année, cette maîtresse a encadré la sortie scolaire de la classe de ma fille et l’a malmenée à la piscine", confie-t-elle.

En 2016, une mère a porté plainte auprès du rectorat après avoir vu son fils, en fin de journée, être poussé au sol puis claqué par l'institutrice. "Personne ne m'a écoutée", déplore-t-elle. Aujourd'hui, le maire de la commune affirme n'avoir été mis au courant de ces agissements que récemment.

L'enseignante remplacée

L'institutrice en question a été "suspendue à titre conservatoire le temps de l'instruction", a déclaré le rectorat de Bordeaux. Selon Sud Ouest, elle sera remplacée dès lundi par un autre professeur pour la classe de grande section dont elle avait la charge.

Selon l'administration, les déclarations des parents d'élèves ont été prises "très au sérieux" et la situation est "très suivie" par la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale (DSDEN).

"Afin d'accompagner l'école dans cette circonstance et afin de garantir la sécurité et le bien-être des enfants, un inspecteur et un psychologue de l'Éducation nationale se rendent sur place", a ajouté le rectorat.

Article original publié sur BFMTV.com