Arnaud Lagardère : qu’est-ce que cette affaire d’abus de biens sociaux qui vise le PDG

Qu’est-ce que cette affaire d’abus de biens sociaux qui vise Arnaud Lagardère (Photo prise en mars 2018)
ERIC PIERMONT / AFP Qu’est-ce que cette affaire d’abus de biens sociaux qui vise Arnaud Lagardère (Photo prise en mars 2018)

JUSTICE - Arnaud Lagardère est dans le collimateur de la justice. Le PDG est entendu ce lundi 29 avril par une juge d’instruction à Paris en vue d’une éventuelle mise en examen. Il est arrivé au tribunal peu après 9 heures avec son avocat, Me Sébastien Schapira. L’homme d’affaires, âgé de 63 ans, est soupçonné d’avoir puisé dans les comptes de ses sociétés pour financer son train de vie et ses dépenses personnelles pendant plusieurs années.

Arnaud Lagardère va être interrogé dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le parquet national financier (PNF) en avril 2021 sur la base d’une plainte du fonds britannique Amber Capital, d’un signalement de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ainsi que d’un signalement du Haut Conseil du commissariat aux comptes (H3C, devenu la Haute autorité de l’audit, H2A), selon une source judiciaire à l’AFP.

Les infractions visées sont : diffusion d’information fausse ou trompeuse, abus de biens sociaux, de pouvoirs et de confiance, présentation de comptes inexacts notamment, a listé la même source. Les faits ont été commis entre avril 2009 et décembre 2022. À l’issue de ces deux jours d’interrogatoire, le PDG sera soit mis en examen, soit placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

Concrètement, Arnaud Lagardère, qui a hérité de l’empire bâti par son père, Jean-Luc Lagardère, à son décès en 2003, est soupçonné d’avoir « fait financer son train de vie et ses dépenses personnelles en puisant dans les fonds des sociétés Lagardère SAS et Lagardère SCM », a détaillé la source judiciaire.

Pendant plusieurs années, ces sociétés « auraient notamment pris en charge des dépenses liées aux immeubles qu’il occupe ainsi qu’une créance successorale, et de nombreuses avances en compte-courant », a-t-elle ajouté.

Libération, qui consacre un dossier à l’homme d’affaires, évoque en plus de ses frais « les salaires de son personnel (intendant, cuisinier, nounou, chauffeur, jardinier), les vols, souvent en jet, pour les vacances en famille, même la pension alimentaire de sa première femme… » Le média estime une somme qui s’élèverait à plusieurs dizaines de millions d’euros.

En novembre 2019, la Lettre (ex-Lettre A) avait révélé qu’Arnaud Lagardère refusait de publier les comptes de sa holding personnelle, Lagardère Capital & Management (LCM), pour ne pas « rendre publique sa situation financière personnelle, en particulier son niveau d’endettement ».

« À plusieurs reprises », selon le quotidien numérique, les actions du groupe détenues par Arnaud Lagardère ont atteint une valeur inférieure à celle de sa dette, « créant une situation financière délicate vis-à-vis des créanciers ».

Selon une source proche du dossier, l’affaire repose sur des irrégularités comptables, qui sont restées dans le périmètre des sociétés personnelles du PDG, et qui n’ont pas entraîné de préjudice financier pour le groupe Lagardère.

« S’agissant de ces sociétés personnelles, et ayant toujours eu la volonté de rembourser les comptes courants débiteurs, Arnaud Lagardère a eu le sentiment de ne léser personne… » a déclaré Sébastien Schapira, cité par Libération.

Dans cette affaire, deux commissaires aux comptes ont été mis en examen en mars pour complicité d’abus de biens sociaux. L’un d’eux, retraité du réputé cabinet Mazars, a été radié, ce qu’il conteste devant le Conseil d’État, souligne le média.

Dans la décennie suivant la mort de Jean-Luc Lagardère, son héritier s’est endetté, a cédé la branche aérospatiale EADS et vendu plusieurs médias.

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