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Armes nucléaires en Biélorussie: l'Ukraine veut une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU (photo d'illustration) - Johannes EISELE © 2019 AFP
Le Conseil de sécurité de l'ONU (photo d'illustration) - Johannes EISELE © 2019 AFP

L'Ukraine a appelé ce dimanche à organiser une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour contrer le "chantage nucléaire" de la Russie, après l'annonce par Vladimir Poutine que Moscou allait déployer des armes nucléaires en Biélorussie.

Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative. La Biélorussie, un allié de Moscou, est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.

"L'Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France" en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Nous demandons qu'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies soit immédiatement convoquée à cette fin", a-t-il ajouté en appelant aussi le G7 et l'UE à faire pression sur la Biélorussie en le menaçant de "conséquences considérables" s'il venait à accepter le déploiement russe.

"Otage nucléaire"

Premier pays occidental à réagir à l'annonce de Vladimir Poutine, l'Allemagne a dénoncé une "nouvelle tentative d'intimidation nucléaire" de la part de Moscou. "Nous n'allons pas nous laisser dévier de notre cap" par ces menaces, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères sous couvert de l'anonymat.

L'Otan a fustigé une "rhétorique nucléaire dangereuse et irresponsable", disant "suivre la situation de près".

Plus tôt dimanche, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov avait estimé que "le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire" et représentait un "pas vers la déstabilisation interne du pays", dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko.

"Aucune indication" selon Washington

Les Etats-Unis n'ont "aucune indication" que la Russie ait transféré des armes nucléaires en Biélorussie, ni même que le président Vladimir Poutine ait l'intention de recourir à l'arme nucléaire en Ukraine, a déclaré dimanche un haut responsable américain.

"Nous n'avons aucune indication qu'il ait tenu son engagement ou qu'aucune arme nucléaire n'ait été transférée", a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, sur la chaîne CBS, et interrogé sur l'annonce par le président russe que Moscou allait déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie.

"En fait, nous n'avons aucune indication qu'il ait l'intention de recourir à des armes nucléaires en Ukraine", a ajouté le porte-parole

Il a encore souligné que rien à ce stade n'amenait les Etats-Unis "à changer (leur) positionnement en matière de dissuasion stratégique".

Armes nucléaires "tactiques"

Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires "tactiques" en Biélorussie et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d'armement.

"Il n'y a rien d'inhabituel ici: les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés", a déclaré Vladimir Poutine lors d'une interview à la télévision russe.

"Nous avons convenu de faire de même", a-t-il ajouté, disant prévoir de "former les équipages" à partir du 3 avril et de "terminer la construction d'un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire de la Biélorussie" le 1er juillet.

Si la Biélorussie ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.

Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.

Article original publié sur BFMTV.com