Armes à feu et munitions retrouvées chez Alain Delon: pourquoi l'acteur aime tant les armes
Soixante-douze armes à feu et 3.000 munitions ont été saisies au domicile d'Alain Delon, qui les détenait sans autorisation, a annoncé mardi le parquet de Montargis (Loiret) alors que l'acteur, gravement malade, vit désormais sous protection judiciaire pour son suivi médical.
Un véritable arsenal a été découvert dans sa propriété de Douchy à la suite d'un signalement du juge des tutelles: des armes de catégorie A (certaines armes à feu et les matériels de guerre) et B (les armes utilisées pour le tir sportif et celles utilisées en cas de risque professionnel) ainsi qu'un stand de tir.
Alors qu'Alain Delon ne "bénéficiait d'aucune autorisation lui permettant de détenir une arme à feu", souligne le procureur dans un communiqué, une enquête pour dépôt d'arme illicite, acquisition et détention illicite d'arme de catégorie A, B et C a été ouverte.
"Anouchka savait que son père avait une arme, qu'il aime bien les armes, c'est connu. Par contre elle ne pouvait pas imaginer qu'il y ait tant d'armes", a commenté Frank Berton, l'avocat d'Anouchka Delon, auprès de l'AFP.
Une vieille passion
Entre Alain Delon et les armes à feu, c'est une longue histoire d'amour. En 1967, la télévision française diffusait un reportage mettant en scène le couple Delon à domicile. Nathalie Delon y posait au milieu d'un arsenal composé de revolvers et de fusils, et expliquait qu'Alain Delon se rendait dans la cage de ses chiens "avec son revolver." "Il ne rentre dans cette cage qu'avec un revolver", confiait-elle tout sourire.
Manipulant un revolver, l'actrice expliquait aussi qu'avec Alain Delon ils s'entraînaient au tir. "Tous les voisins ont fait une pétition parce que c'est impossible de passer le week-end tranquillement. A 9 heures du matin, les enfants sont réveillés par des coups de revolver".
Le comédien a notamment bâti sa carrière en incarnant à l'écran des flics et des voyous. Carrière grâce à laquelle il a pu collectionner de nombreuses armes. Le comédien, qui a par ailleurs "depuis toujours une fascination répulsion pour le milieu des bandits" avait révélé en 2018 sur Sud Radio Frédéric Ploquin, co-auteur du livre Les Derniers seigneurs de Paris, avait déjà vendu une partie de sa collection d'armes aux enchères en 2014.
La vente avait rencontré un vif succès. Elle avait permis de récolter plus de 200.000 euros (162.000 euros hors frais): la Winchester à canon scié de la série Au nom de la loi, offerte par Steve McQueen, avait été adjugée à 19.000 euros hors frais et le revolver qu'il utilise dans le western Soleil Rouge (1971) s'est vendu à 8.300 euros.
En se séparant de cette collection, constituée "avec la même rigueur, la même passion, la même exigence" que ses autres collections, l'acteur avait déclaré dans Le Figaro vouloir libérer ses enfants d'un poids: "Il se trouve que, dans mon état et à mon âge, toute ma vie, j'ai accumulé des montagnes de choses. Plutôt que de laisser des armes à mes enfants, je préfère leur laisser de l'argent."
Virulent conflit familial
La collection d'armes d'Alain Delon fait l'objet d'un virulent conflit entre ses trois enfants Anthony, Anouchka et Alain-Fabien. "Le pire", avait expliqué la fille de l'acteur dans Elle, "c'est que bien qu'Anthony et Alain-Fabien sachent que je déteste les armes - c'est le truc de mon père, d'une virilité d'un autre âge, il en a tout une collection - ils se baladent armés dans la maison (...) Mes frères se croient au Far West".
L'aîné de la fratrie avait rapidement répliqué sur Instagram. "Parlons des armes à feu. Tu as passé l'été à tirer au glock avec ton chouchou, ex-GIGN et chef de la sécurité de Douchy, pour enfin ramener le pistolet chez toi à Genève 'en souvenir de papa'. Pour quelqu'un qui a horreur des armes, tu semblais bien vaillante et 'douée' selon lui". En saisissant les armes de l'acteur à la santé fragile, la justice a-t-elle voulu éviter tout risque de geste définitif de la part de la légende du cinéma? Anouchka "est rassurée maintenant que ces armes aient disparu de la propriété pour un tas de raisons", a déclaré son avocat Frank Berton, interrogé par l'AFP en marge d'un procès à Avignon. "Elle était assez inquiète compte-tenu du climat un peu particulier qui y règne".