Arménie: Le parti au pouvoir renonce à présenter un candidat

par Hsmik Mkrtchyan

EREVAN (Reuters) - Le Parti républicain au pouvoir en Arménie a annoncé samedi qu'il ne présenterait pas de candidat pour le poste de Premier ministre que doivent désigner les députés le 1er mai après la démission du chef du gouvernement Serge Sarkissian.

Sarkissian a été contraint de quitter ses fonctions lundi sous la pression de la rue, l'opposition menant depuis deux semaines d'importantes manifestations antigouvernementales pour dénoncer la corruption du pouvoir.

Edouard Charmazanov, porte-parole du Parti républicain, a indiqué samedi que sa formation politique ne présenterait aucun candidat devant le parlement afin de ne pas accentuer les tensions déjà existantes.

Il a précisé que le Parti républicain voterait de manière unie et unanime après avoir examiné les candidatures en lice.

"En ne présentant pas de candidat, nous éviterons une confrontation et une aggravation des risques sécuritaires. Nous ne présentons personne dans l'intérêt de l'Etat", a-t-il dit devant les journalistes.

Le chef de l'opposition, Nikol Pachinian, qui mène la contestation dans la rue, a fait savoir qu'il n'envisageait qu'un seul scénario acceptable pour lui et pour ses partisans, celui où il serait désigné chef du gouvernement la semaine prochaine.

Il prévoit de convoquer ensuite des élections anticipées qui se dérouleraient suivant une nouvelle loi électorale. Le Parti républicain possède la majorité des sièges au parlement tandis que Pachinian ne dispose pas d'assez d'élus pour l'emporter.

Les élections générales sont prévues en 2022 mais si le parlement échoue par deux fois à désigner un chef du gouvernement, un scrutin anticipé doit être organisé.

Bien que les manifestations aient été jusqu'à présent pacifiques, elles fragilisent la situation interne de l'Arménie.

Accentuant la pression sur le pouvoir, Pachinian a appelé samedi ses partisans à de nouvelles manifestations à partir de dimanche.

"Toutes les actions de protestation, tous les actes de désobéissance civile doivent reprendre avec une nouvelle vigueur. La victoire du peuple doit être reconnue", a commenté Pachinian lors d'un rassemblement à Ijevan. "Il ne doit pas y avoir de violences".

Si Moscou a appelé à une résolution de la crise par la voie du dialogue, la situation reste bloquée, le chef du gouvernement par intérim Karen Karapetian ayant refusé la proposition de l'opposition d'organiser une négociation.

Selon l'agence de presse russe Interfax, le chef de file de la contestation a aussi appelé ses partisans à une grande manifestation dans la capitale Erevan le 1er mai.

(Maxim Rodionov; Pierre Sérisier pour le service français)