Argentine: les sénateurs s'augmentent de 170% en pleine période d'austérité, causant un scandale

Une hausse de rémunération ne passe pas. La politique argentine résonnait vendredi 19 mars de la polémique née de l'augmentation de près de 170% que se sont octroyés les sénateurs la veille, lors d'un vote éclair sans débat et à main levée, dans un pays soumis à une thérapie choc d'austérité budgétaire.

La Chambre haute, en fin d'une session ordinaire jeudi et en moins de deux minutes, a voté cette hausse de leur indemnité à partir de juin, à environ quatre millions de pesos (4.300 euros) nets par mois.

Plus de 40% de pauvreté, inflation record...

Les sénateurs d'opposition, qui dominent le Sénat de 72 membres - ou aucun groupe n'a la majorité absolue - ont voté pour l'augmentation, tandis que les alliés du gouvernement ultralibéral n'ont pas pris part au vote. Sans empêcher le quorum, ou demander un vote nominal, pratiques habituelles lorsqu'il n'y a pas consensus.

Dans un pays confronté à une inflation de 288%, où le salaire minimum dépasse à peine 202.000 pesos (217 dollars), et avec 41,7% de pauvreté, la presse s'est déchaînée vendredi contre les parlementaires.

"Ainsi vit la caste" (politique) a pour sa part dénoncé le président ultralibéral Javier Milei dans un tweet.

Le ministre de l'Economie Luis Caputo a évoqué de son côté une "honte" et un "niveau de déconnexion total avec les gens et la situation économique".

Les groupes politiques se rejettent la faute

De tous bords les parlementaires ont tenté vendredi de désamorcer la polémique, les députés pro-gouvernement se glorifiant de n'avoir pas voté pour, l'opposition les accusant d'hypocrisie pour ne pas s'y être opposés.

Le petit parti de Javier Milei, La Libertad Avanza, et ses alliés du PRO (droite) ont fait savoir vendredi qu'ils déposeront un projet de loi pour revenir sur cette augmentation.

En mars, le président argentin avait lui-même été au cœur d'une polémique après l'augmentation de son salaire de 48% actée par un décret publié en févrir. Il avait alors blâmé son ministre du travail, présenté comme le "superviseur" de cette hausse, qualifiée d'"erreur", avant d'annoncer son limogeage.

Article original publié sur BFMTV.com