En Argentine, Javier Milei face à des manifestations d’ampleur et à la grève générale

Manifestation à Rosario contre Javier Milei, le 24 janvier 2024.
STRINGER / AFP Manifestation à Rosario contre Javier Milei, le 24 janvier 2024.

ARGENTINE - Javier Milei de nouveau face à la rue. Contre un « pillage légalisé », la « tronçonneuse », des dizaines de milliers d’Argentins ont manifesté ce mercredi 24 janvier contre les réformes d’austérité du président ultralibéral argentin, confronté à une grève générale et sa première contestation d’ampleur, après un mois et demi seulement au pouvoir.

En Argentine, les réformes de Javier Milei retoquées (provisoirement) par la justice

L’immense place du Parlement, à Buenos Aires, s’est remplie au fil des heures de milliers de manifestants, à l’appel du géant syndical CGT (7 millions d’affiliés revendiqués), centrale pro-péroniste (proche du précédent gouvernement), à laquelle s’étaient joints d’autres syndicats, mouvements de gauche radicale et organisations sociales.

En province, à Cordoba, Corrientes, La Rioja, Tucuman, entre autres, les médias argentins ont rapporté des manifestations drainant des milliers de personnes. Ce n’est pas la première journée de manifestation depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei mi-décembre, mais c’est la plus importante.

Selon le chef de la police de Buenos Aires Diego Kravetz, 80 000 personnes étaient présentes aux abords du Parlement. Un porte-parole de la CGT a évoqué à l’AFP jusqu’à 500 000 personnes dans la capitale.

Milei et sa tronçonneuse

Après un mois et demi de présidence Milei, une avalanche de projets de loi dérégulateurs, une dévaluation de 54 % et des mesures d’austérité effectives ou planifiées, « nous venons défendre 40 ans de démocratie, défendre la patrie », a lancé à la foule le codirigeant de la CGT Hector Daer.

« Se promener avec une tronçonneuse est une chose, gouverner en est une autre » qui requiert « de faire preuve de mesure », a-t-il lancé, visant le chef de l’État. Une manifestation de soutien était organisée à Paris. Était notamment présent le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, comme vous pouvez le voir dans le tweet ci-dessous.

« La patrie n’est pas à vendre », « Ici, il n’y a pas de caste ! » « Manger n’est pas un privilège » clamaient banderoles et pancartes sur fond sonore de pétards et grosses caisses, sous le regard d’une marionnette géante à l’effigie de Milei. Aucun heurt n’était rapporté après trois heures de rassemblement alors que la foule commençait lentement à se disperser Place du Parlement.

Alors que des syndicats ont prédit une conflictualité sociale plus forte vers mars, sous l’effet cumulé de l’austérité et de l’inflation, la journée de ce mercredi « relève de la démonstration de force, du pouvoir de la rue, l’idée est de montrer quelle sera la résistance sociale à Milei », analysait pour l’AFP le politologue Ivan Schuliaquer.

Loi omnibus

Pour l’exécutif, « il n’y a pas d’alternative » aux réformes et à l’austérité, pour apurer les comptes d’un pays structurellement endetté (déficit budgétaire à 2,9 % du PIB en 2023, soit 1 point au-delà de l’objectif), et stabiliser une économie étranglée à 211 % d’inflation annuelle.

Il dénonce des syndicats « du mauvais côté de l’Histoire », et la grève la « plus rapide de l’histoire », annoncée fin décembre : 18 jours après l’investiture de Milei. Un « non-sens absolu » alors que les réformes suivent « le jeu démocratique » au Parlement.

Là, le gouvernement pousse pour faire adopter son gigantesque train de réformes dit « Loi-omnibus » mais le rapport de force parlementaires - le parti de Milei, La Libertad Avanza n’est que la troisième force aux deux chambres - contraint l’exécutif à des compromis.

« Urgence économique »

Dans les tractations des derniers jours avec l’opposition, il a proposé de retirer 141 des 664 dispositions initiales. Les privatisations (41 entreprises d’État initialement visées), l’indexation des retraites, la délégation de pouvoirs à l’exécutif au nom de « l’urgence économique », les ressources des provinces, sont les principaux points de friction.

La Chambre des députés devait examiner jeudi une première mouture du texte, et la CGT a enjoint les parlementaires « à décider s’ils sont du côté des travailleurs ou s’ils les trahissent ».

Sur le plan juridique, le « Décret de nécessité et d’urgence » (DNU) publié mi-décembre, qui pose le cadre général des réformes, rencontre aussi des écueils : il a fait l’objet de plus de 60 recours en justice invoquant son inconstitutionnalité.

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