En Ardèche, le chantier d’un nouveau centre religieux mis à l’arrêt par cette plante protégée

À gauche, une manifestation sur le chantier du complexe religieux à Saint-Pierre-de-Colombier le 16 octobre. À droite, une Réséda de Jacquin, espèce protégée.
Les ami.es de la Bourges À gauche, une manifestation sur le chantier du complexe religieux à Saint-Pierre-de-Colombier le 16 octobre. À droite, une Réséda de Jacquin, espèce protégée.

ENVIRONNEMENT - La décision a fait sauter de joie les militants écolos. Le tribunal de Privas, en Ardèche, a suspendu lundi 6 novembre le chantier du complexe religieux de Saint-Pierre-de-Colombier, qui fait l’objet d’une vive polémique et de tensions locales, opposant communauté religieuse et protecteurs de la biodiversité.

L’affaire avait donné lieu début octobre à une scène peu habituelle : la vidéo d’une religieuse plaquant au sol un militant écologiste avait fait le tour des réseaux sociaux. Le jeune homme manifestait au nom de l’association Les Amis de la Bourges, et avait tenté de se faufiler entre les barrières de sécurité pour empêcher la poursuite du chantier.

Après cette scène insolite, Les Amis de la Bourges ont poursuivi leurs actions, en justice cette fois-ci, toujours avec cet objectif de faire cesser les travaux, qui font débat depuis 2018. La construction de ce complexe, avec notamment une basilique de 3 500 places et un centre d’hébergement, est pointée du doigt par les militants. Ils dénoncent la bétonnisation nécessaire à « ce projet pharaonique en plein cœur du parc naturel régional des monts d’Ardèche, contraire aux lois environnementales ».

Une plante protégée au milieu du chantier

Le groupe a obtenu gain de cause, grâce à une petite plante : le Réséda de Jacquin. Du haut de ses trente centimètres et avec ses petites fleurs blanches, l’espèce protégée a stoppé le chantier. Une suspension immédiate, qui vaut jusqu’à la réalisation d’une « évaluation du risque encouru par le Réséda de Jacquin », selon le tribunal de Privas cité par TF1.

Ce mode d’action est de plus en plus privilégié par les militants pour l’environnement, qui allient leurs méthodes aux connaissances des scientifiques et des juristes. C’est notamment le cas du collectif Naturalistes des Terres, qui avait mené des actions en ce sens pour tenter d’arrêter le chantier de l’autoroute A133-A134, inspiré par la victoire des activistes avec une méthode similaire à Notre-Dame-des-Landes.

Après le rendu de la décision de justice, la Famille missionnaire de Notre-Dame-des-Neiges (FMND), communauté catholique à l’origine du projet en Ardèche, a déclaré « prendre acte de cette ordonnance, qu’elle considère comme manifestement infondée, et va faire appel dans les plus brefs délais ».

Les Amis de la Bourges ont de leur côté annoncé déposer plainte dans la semaine contre la préfète et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) pour « complicité de destruction d’une espèce protégée et de son habitat » et « exécution par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions de prise de mesure destinée à faire échec à l’application de la loi ».

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