Archive of Modern Conflict, asile aux trésors

A Londres, une maison renferme une collection privée inouïe. Un fonds surréaliste conçu comme un laboratoire où s’amassent des millions de clichés amateurs et professionnels. Visite avant une expo à Arles de raretés choisies, venues de Colombie.

Quoi de commun entre les vaches et les orchidées ? Rien à part qu’elles sont les mamelles de la Colombie : l’orchidée, symbole national, est une fleur qui pousse à l’état sauvage dans les provinces de Medellín et la vache orne les pâturages du sud du pays. En Colombie, l’élevage bovin y est aussi largement responsable de la déforestation, mais ça, c’est une autre histoire. «La Vache et l’Orchidée, photographie vernaculaire colombienne» est le titre d’une exposition fantasque des Rencontres de la photographie d’Arles. Dont les images ont été puisées dans un fonds au nom tout aussi surréaliste : Archive of Modern Conflict (AMC), à la réputation mystérieuse.

Pourtant, ce n’est plus un secret pour personne, ces archives photographiques sont la danseuse de David Thomson, l’homme le plus riche du Canada. Et vaches et orchidées sont la partie visible d’une collection-iceberg dont le reste demeure immergé au pays des caribous. Elles sont aussi le signe d’un intérêt porté à l’image modeste. Depuis 1991, AMC a créé un fonds à partir de rien et a considéré très tôt la photographie vernaculaire comme une matière digne d’être conservée. Grâce à un magazine (arrêté depuis peu), à des livres et à des collaborations avec des artistes contemporains, ce fonds basé à Londres a créé une mouvance fantaisiste qui explore les images comme des recueils d’histoires et de récits alternatifs.

«J’aime leur côté rebelle et leur intérêt pour "l’autre photographie", l’image pauvre et sans qualité, avance Sam Stourdzé, directeur des rencontres d’Arles. AMC a institutionnalisé la recherche de ce type d’images avec de gros moyens, grâce à des rabatteurs et à des têtes-chercheuses. Ils ont acheté des fonds entiers de photographies dans lesquels on (...)

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