Archevêque, comte-maréchal, porte-drapeaux... Les acteurs clés du couronnement de Charles III

Dirigeants étrangers, têtes couronnées, élus, représentants de la société civile... 2300 invités triés sur le volet assisteront samedi au couronnement du roi Charles III à l'abbaye de Westminster à Londres.

Mais durant la cérémonie, plusieurs personnes auront un rôle de premier plan à jouer, souvent hérité d'une longue tradition ou en hommage à leur service pour le pays.

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• L'archevêque de Canterbury

Il sera, après le roi, la personne la plus en vue du couronnement à Westminster. Plus haut dignitaire de l'Église anglicane au Royaume-Uni depuis 2013, Justin Welby mènera la cérémonie et couronnera le nouveau roi et la reine consort.

Cet ancien cadre dans le secteur pétrolier qui affiche des vues modérées sur les sujets de société qui divisent l'Église, a ainsi eu la charge d'organiser le service pour le couronnement. Il a reconnu en avoir fait des "cauchemars", rêvant notamment qu'il avait oublié la couronne (2,2kg) juste avant de devoir la poser sur la tête du roi.

Trésorier chez Elf Aquitaine, ce francophone a vécu plusieurs années dans l'Hexagone, où il possède toujours une maison, en Normandie. Comme le permet la religion Anglicane, l'archevêque est marié, et père de cinq enfants - dont un est mort très jeune. Justin Welby est entré tardivement dans les ordres, au début des années 1990.

À noter que c'est lui qui a marié Kate et William, ainsi que Meghan et Harry. Il a également délivré le sermon pour les funérailles nationales d'Elizabeth II, en septembre dernier, à l'abbaye de Westminster.

• Le Comte-maréchal (Earl Marshal)

Responsable de l'organisation de l'ensemble du couronnement, ce poste honorifique est dévolu depuis des siècles au porteur du titre de duc de Norfolk. Edward Fitzalan-Howard, 66 ans, a ainsi déjà organisé les funérailles de la reine Elizabeth II ou l'accession au trône de Charles après le décès de la souveraine.

Il est le duc le plus haut gradé d'Angleterre, une fonction héréditaire au sein de la famille Fitzalan-Howard, qu'il occupe depuis 2002 et la mort de son père. Il est le descendant d’une des plus anciennes familles aristocratiques britanniques: ses ancêtres occupent ce poste sans interruption depuis 1672. Avant lui, son grand-père a couronné la reine Elizabeth II en 1953 et a organisé les funérailles d'État de Winston Churchill en 1965.

Avant cela, Edward Fitzalan-Howard a étudié à Oxford et a dirigé une entreprise de gaz en bouteille. Il défend publiquement des valeurs conservatrices: il ne cache pas son opposition au mariage des couples homosexuels et à l'avortement et veut préserver la primogéniture masculine au sein de la haute aristocratie.

Il a été privé pour six mois de son permis de conduire en septembre pour avoir téléphoné au volant et grillé un feu rouge. Il avait plaidé qu'il en avait besoin pour pouvoir organiser le couronnement.

• Les gouverneurs-généraux et Premiers ministres

Les gouverneurs-généraux qui représentent la Couronne dans les 14 pays, en plus du Royaume-Uni, dont Charles III est le chef d'Etat, ainsi que leur Premier ministre, seront les premiers à entrer dans l'abbaye de Westminster après les représentants des cultes. On trouvera ainsi, par exemple, les Premiers ministres australien Anthony Albanese, néo-zélandais Chris Hipkins ou canadien Justin Trudeau.

La présence de ces figures du Commonwealth est particulièrement symbolique, à l'heure où cette organisations de nations est fragilisée. Et la mort d'Elizabeth II semble avoir accéléré les choses. Quelques jours avant le couronnement de Charles III, deux pays - le Belize et la Jamaïque - ont dit leur volonté de devenir des républiques.

En Australie, les appels à l'abolition de la monarchie se multiplient également. En février, le pays a fait le choix de ne pas remplacer Élizabeth II par Charles III sur les billets de 5 dollars mais par un motif honorant la culture autochtone.

• Les porte-drapeaux

Le duc de Westminster, le comte de Dundee, le marquis d'Anglesey et le comte de Caledon porteront les drapeaux représentant les quatre nations du Royaume-Uni, respectivement l'Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord.

Francis Dymoke, "Champion" du souverain, un titre remontant au Moyen-âge et transmis de façon héréditaire, portera l'étendard royal. À l'origine, le rôle du champion lors du couronnement d'un monarque britannique consistait à défier par combat toute personne qui contestait le droit au trône du nouveau monarque.

Dans la tradition, le champion entrait à cheval et en armure dans la salle où se tenait le banquet du couronnement, jetait son gant et exigeait que quiconque mettait en doute le droit du monarque à régner s'avance ou ne se taise à jamais. Les couronnements modernes ont supprimé cette pratique et depuis, le champion, porte l'étendard royal dans le cortège.

• Le duc de Wellington et l'ancien évêque de Londres

Charles Wellesley, 77 ans, descendant du Premier ministre vainqueur de la bataille de Waterloo et duc de Wellington, portera la couronne de la reine Mary qui sera utilisée pour le couronnement de Camilla. De son côté, c'est l'ancien évêque de Londres, Richard Chartres, un ami proche du roi, qui portera la bague de la reine consort.

La plupart des 24 ducs n'appartenant pas de près ou de loin à la famille royale font les frais de la volonté affichée du roi d'établir une liste d'invités sur une base méritocratique et non aristocratique et n'ont pas été invités. Le duc de Rutland a fait part de sa déception au quotidien Daily Mail, notant que ce sont des "familles comme la (sienne) qui soutiennent la famille royale depuis mille ans".

• Le Lord Grand intendant d'Angleterre (Lord High Steward)

C'est l'un des plus importants postes de haut fonctionnaire du gouvernement, mais il est resté le plus souvent vacant depuis 1421, réinstauré ponctuellement les jours de couronnement. C'est lui qui porte, durant le cortège, la couronne de Saint-Edouard, qui sera posée sur la tête du roi par l'archevêque de Canterbury.

Le général Gordon Messenger - gouverneur de la Tour de Londres où sont gardés les joyaux de la Couronne - a été nommé pour l'occasion. Retraité de la marine royale, il a occupé le poste de vice-chef de l'État-major de la défense de 2016 à 2019.

• Les porteurs des insignes royales

L'ancienne directrice générale du MI5, les services du renseignement intérieur, Elizabeth Manningham-Buller, 74 ans, portera elle le sceptre de Saint-Edouard durant le cortège, tandis que le duc de Buccleuch et Queensberry portera le sceptre avec la croix.

Elizabeth Anionwu, infirmière et professeure de 76 ans, sera en charge de l'orbe. Le gardien de la Maison des joyaux, le brigadier Andrew Jackson, aura la bague du souverain.

Floella Benjamin, 73 ans, actrice trinidado-britannique, présentatrice d'émissions pour enfants et siégeant à la chambre des Lords, portera le sceptre à la colombe. Penny Mordaunt, parlementaire conservatrice de 50 ans, portera l'épée d'État en tant que Lord présidente du conseil. Amy Taylor, officière de la Royal Navy, sera de son côté la première femme à porter l'épée empierrée d'offrande.

En reconnaissance du caractère multiconfessionnel du Royaume-Uni, des pairs issus de traditions religieuses non chrétiennes ont été choisis pour participer à la cérémonie pour la première fois, mais ils ne porteront que des insignes ne comportant pas de motifs chrétiens explicites.

• L'artiste lyrique

Enfin, la soprano Pretty Yende performera dans l'abbaye de Westminster. Née en 1985 dans un township de Piet Retief, dans une Afrique du sud encore sous l'apartheid, la chanteuse n'en revient toujours pas d'avoir été invitée à se produire au couronnement de Charles III, qui l'avait entendue chanter au château de Windsor il y a un an, alors qu'il était encore prince de Galles.

Dans le milieu lyrique, elle est depuis une dizaine d'années sollicitée aux quatre coins du monde, du Metropolitan Opera House à l'Opéra de Paris, en passant par la Scala de Milan, les critiques louant son charisme et son timbre lumineux.

Article original publié sur BFMTV.com