Après sa victoire aux élections locales, l’opposition turque retrouve des couleurs face au président Erdogan

“Une victoire historique” clame la une du quotidien nationaliste et laïc Cumhuriyet. Le journal, crée par Mustafa Kemal Atatürk est un soutien historique du CHP, le Parti républicain du peuple, également fondé par le fondateur de la République turque. Totalisant 37,74 % des voix à l’échelle nationale contre 35,49 % pour l’AKP du président Recep Tayyip Erdogan, le parti kémaliste est, pour la première fois depuis 1977, le parti qui récolte le plus de suffrages a l’échelle nationale souligne le quotidien.

Après la surprise et le désespoir occasionnés par la victoire du président turc lors de l’élection présidentielle de mai 2023, cette victoire arrive à point nommé pour l’opposition qui se trouvait tiraillée en interne et au bord de l’explosion.

“L’on craignait comme dans un cauchemar que le pouvoir, sur la lancée de sa victoire, n’emporte les grandes villes, Istanbul, Ankara et même Izmir, que l’opposition soit définitivement réduite au silence, mais cette chaîne du désespoir est rompue”, se félicite un éditorialiste du quotidien de gauche Birgün. En définitive, l’opposition kémaliste a non seulement gardé les plus grandes villes du pays, conquises en 2019, mais elle a aussi emporté des arrondissements et des villes traditionnellement acquis à l’AKP, qui recule même dans ses bastions historiques.

Les limites de la polarisation pour faire oublier la crise économique

“Séisme dans les urnes”, titre de son côté en une le quotidien de l’opposition conservatrice Karar, alors que le parti du président turc et de ses alliés d’extrême-droite du MHP ont vu les suffrages en leur faveur fortement diminuer dans les zones du pays touchées par le tremblement de terre de février 2023.

Dans ces régions, l’aide et la reconstruction promises par le pouvoir tardent à se manifester. Dans le sud du pays, la très conservatrice ville d’Adiyaman, durement affectée par le séisme, est ainsi tombée dans l’escarcelle de l’opposition.

La stratégie du président turc, visant à jouer sur les cordes du nationalisme et du conservatisme en polarisant le débat face à une opposition décrite comme suppôt du “terrorisme” ou du “LGBTisme” n’a pas fait recette cette fois.

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