Après le suicide de Nicolas, sa mère se dit soulagée du soutien apporté par Gabriel Attal et Élisabeth Borne
HARCÈLEMENT SCOLAIRE - Après l’effarement, une pointe de « soulagement ». Ce lundi 18 septembre, les parents de l’adolescent qui s’est suicidé le 5 septembre à Poissy, dans les Yvelines, ont fait part de leur « soulagement » après les réactions du gouvernement.
« Outrés et effarés », les parents de Nicolas avaient dans un premier temps dénoncé les réponses de l’administration, qui faisaient suite à plusieurs plaintes pour des faits de harcèlement scolaire signalés à l’établissement du garçon de 15 ans.
Dans des échanges de courriers entre la famille, le proviseur de son lycée de Poissy et le rectorat de Versailles, ce dernier jugeait « inacceptables » des propos des parents qui auraient « remis en cause » l’attitude des personnels de l’établissement. Il demandait également aux parents d’adopter une « attitude constructive et respectueuse » à son égard, en leur rappelant les risques pénaux d’une dénonciation calomnieuse.
Révélés samedi par BFMTV, ces échanges ont depuis été portés à la connaissance du gouvernement. Gabriel Attal, ministre de l’Éducation les avait alors qualifiés « de honte » avant d’ordonner une enquête administrative, tandis qu’Élisabeth Borne évoquait une lettre « choquante ».
Béatrice, la mère de l’adolescent, s’est donc félicité auprès de l’AFP de ces réactions, « comme un soulagement ». Ces commentaires montrent qu’enfin leur « fils était reconnu dans sa souffrance et son harcèlement ».
Pour autant, les parents de Nicolas ne comptent pas en rester là et envisagent toujours une action en justice. « Avant de prendre cette décision, nous attendons les résultats des enquêtes et les actions qui seront menées par le gouvernement », précise Béatrice.
« Sur le contenu des courriers que nous avons reçus, à ce jour, nous n’avons pas eu de réaction de la part des équipes pédagogiques tant sur le fond que sur la forme », a également déploré la mère de famille. « Nous ne savons toujours pas si une sanction même symbolique a été émise à l’encontre des harceleurs ».
« Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres », avait précédemment déclaré la mère du lycéen dans cet échange écrit dimanche avec l’AFP. « Nous, le papa de Nicolas et moi-même, nous ne comprenions pas. Nous ne comprenons toujours pas », a-t-elle confié.
Audit sur le harcèlement scolaire
Dans son échange avec l’AFP, Béatrice a indiqué qu’elle et le père de Nicolas avaient alerté peu après la rentrée 2022 l’équipe pédagogique du lycée de Poissy que l’adolescent était harcelé.
À la mi-mars, les parents ont finalement appris par son psychologue que leur fils avait fait une tentative de suicide en janvier. « C’est à ce moment-là que nous avons tout mis en branle pour aider notre fils, main courante, rendez-vous avec le proviseur, échanges de courriers, etc. », a-t-elle énuméré.
Après un premier rendez-vous avec l’équipe pédagogique, les parents ont envoyé un nouveau courrier au proviseur, où ils l’informent qu’une main courante a été déposée. Mais ils n’ont reçu en réponse que les lettres rendues publiques samedi.
À la rentrée, Nicolas avait changé d’établissement. « Cet été, il était heureux de passer des vacances avec moi. Il devait faire un CAP en alternance en électricité. À la rentrée, il était stressé parce qu’il commençait quelque chose de nouveau », a rapporté Béatrice.
Gabriel Attal, qui était aux côtés de la famille vendredi pour les obsèques de l’adolescent, a indiqué samedi qu’il attendait les conclusions de l’enquête administrative qu’il a diligentée « sous quinze jours ». « J’en tirerai toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions », a dit le ministre.
Ce lundi, il doit réunir les rectrices et les recteurs de tout le pays « pour un audit dans l’ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l’année passée ».
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