Après son soutien à Denis Baupin, Sandrine Rousseau "a un problème" avec le retour de Dominique Voynet

Persona non grata. Sandrine Rousseau a jugé sévèrement le retour de Dominique Voynet dans l'arène politique. L'ancienne patronne des écologistes, ministre de l'Environnement sous Lionel Jospin, a été élue ce dimanche numéro 1 d'EELV dans la fédération de Franche-Comté.

"Un problème à ce qu'elle prenne des responsabilités"

En cause: son témoignage en 2019 lors du procès en diffamation intenté par Denis Baupin à plusieurs élues écologistes qui l’avaient accusé de harcèlement et de violences sexuelles.

"J'ai pas de problème à ce qu'elle revienne en politique. J'ai un problème à ce qu'elle prenne des responsabilités en politique", a jugé la députée écologiste ce lundi matin sur Public Sénat.

En 2016, Sandrine Rousseau avait accusé Denis Baupin, alors membre de l'Assemblée nationale et figure montante des Verts, d'agression sexuelle. Quatorze femmes avaient témoigné contre lui, avant que l'affaire ne soit finalement classée sans suite par la justice pour prescription.

Pendant le procès Baupin, Voynet avait dénoncé "une mort sociale"

Celui qui était alors député de Paris avait de son côté porté plainte pour diffamation contre les femmes qui l'accusaient. En avril 2019, il a été condamné pour procédure abusive et avait dû verser 7500 euros à chacune des prévenus.

Dominique Voynet avait été interrogée lors de son procès. Jusqu'ici très discrète dans cette affaire, elle avait alors plaidé pour "rééquilibrer un peu les plateaux de la balance". L'ex-candidate à la présidentielle en 2002 s'était alors dite gênée par "le portrait extrêmement caricatural" de Denis Baupin dressé par la presse, comme le raconte Le Point.

"Tout le monde savait quoi? Qu'il était dragueur, qu'il avait une culture plutôt libertaire et soixante-huitarde? Oui, mais je n'ai jamais entendu parler de contrainte", avait ensuite expliqué à la barre celle qui a fini sa carrière à la direction de l'Agence régionale de santé de Mayotte.

"Un acte politique"

Elle avait encore décrit "un dragueur assez maladroit, plutôt lourd". "On le traite comme un violeur. Est-ce que ça valait cette curée, cette mort sociale sans que l'on qualifie des faits?", avait encore ajouté l'écologiste devant les juges.

Son soutien à Denis Baupin est resté vif dans les mémoires écologistes. Dominique Voynet avait été écartée de la campagne présidentielle de Yannick Jadot pour ce motif, d'après des informations du Monde.

"C'est un acte politique d'avoir fait ça contre nous (témoigner contre les femmes qui accusaient Denis Baupin NDLR) (...). Qu'est-ce qu'on veut? Est-ce qu'on est un parti féministe ou est-ce que nous ne le sommes pas? Je crois qu'aujourd'hui il faut répondre à cette question", avance encore Sandrine Rousseau ce lundi.

"Je n'ai pas soutenu Denis Baupin"

L'écoféministe n'est pas la seule à ne pas apprécier le retour en politique de Dominique Voynet. "Verte de rage. La honte", a ainsi écrit ainsi sur son compte Twitter Charlotte Minvielle, ex-candidate EELV aux législatives pour les Français de l'étranger et responsable de la section britannique du parti. D'autres l'ont au contraire félicité, à l'instar d'Anne Vignot, la maire écologiste de Besançon.

L'ancienne ministre de l'Environnement s'est de son côté défendue.

"Je n’ai pas soutenu Denis Baupin. J’ai été citée à comparaître dans un procès qu’il avait engagé", a-t-elle expliqué, justifiant sa présence au nom de "la nécessité d’avoir des procès équitables, instruits à charge et à décharge", sur l'antenne de France 3 Franche Comté ce dimanche.

Des "militants livrés à eux-mêmes"

"Ce qui m’était demandé, c’était de témoigner de ce que j’avais vu et entendu et non pas de ce que je pensais, sur le plan personnel, de ma relation avec Denis Baupin", avance encore l'écologiste.

Ajoutant : "J’ai commencé mon intervention au procès en disant que je ne mettais pas en doute la parole des femmes".

Dominique Voynet affirme affirme que son retour est lié à l'atmosphère au sein de son parti, fragilisé après la mauvaise performance de Yannick Jadot à la présidentielle, décrivant des militants "assez tristes" et "livrés à eux-mêmes".

Un congrès en forme d'échec pour Jadot et Rousseau

Le retour de l'ancienne élue intervient alors que le parti reste très divisé, après les accusations de violences psychologiques portées par l'ex-conjointe de Julien Bayou et relayées par Sandrine Rousseau. Le quadragénaire a démissionné de son poste de secrétaire national fin septembre, tout en niant les faits qui ne sont clairement établis.

Le premier tour du congrès écologiste ce samedi a largement placé en tête Marine Tondelier, loin devant Sophie Bussière, le poulain de l'ex-candidat à l'Elysée et Mélissa Camara, celui de Sandrine Rousseau. De quoi donner le sentiment que les sympathisants veulent tourner la page des derniers mois.

Article original publié sur BFMTV.com