Après des semaines loin de l'école, les cahiers de vacances en plein boum

Des cahiers de vacances (photo d'illustration). - Pascal Pavani/AFP
Des cahiers de vacances (photo d'illustration). - Pascal Pavani/AFP

Après six semaines de confinement, un calendrier scolaire bouleversé en raison de la crise du Covid-19, un retour des élèves en classe parfois clairsemé et la mise en place de règles de distanciation dans les établissements scolaires, l'été 2020 sera sans doute celui où le cahier de vacances sera roi.

De la maternelle au lycée, classiques ou plus originaux... Chaque été, plus de 4 millions de cahiers de vacances occupent les élèves dans leur villégiature estivale. Cette année, entre le 11 mai - date du début du déconfinement - et le 30 juin, les ventes de matériel parascolaire ont doublé par rapport à l'année dernière, assure à BFMTV.com le Syndicat de la librairie française, évoquant les chiffres de l'Observatoire de la librairie.

"En 2019, à la même période, parmi les 20 meilleures ventes de parascolaire, on trouvait dix cahiers de vacances, le reste se composant d'annales et de petits classiques. Cette année, les 17 premières ventes sont des cahiers de vacances."

Plus précoces

La maison d'édition Nathan - qui édite un Nathan vacances du primaire au collège, Tchoupi vacances pour les plus petits et des roman-jeux L'énigme des vacances - confirme que les ventes ont commencé bien plus tôt cette année. "Dès la fin du mois de mai, alors que c'est d'habitude un mois plus tard, avec la fin de l'année scolaire et le début des vacances", affirme à BFMTV.com Carola Strang, directrice d'édition.

Elle y voit un effet d'épuisement après les trois mois d'école à la maison.

"Il y a un vrai besoin pour les parents de reprendre le programme et de renouer avec le travail. Mais sous une forme plus ludique pour garder le lien avec les apprentissages et préparer une rentrée plus sereine. Certains enfants auront eu cinq mois de rupture avec l'école, c'est long", analyse-t-elle.

Jusqu'à 84% de hausse

Si elles ont été plus précoces, les ventes ont aussi été beaucoup plus fortes cette année. Carola Strang, de chez Nathan, enregistre une hausse de 60% par rapport à 2019. "Les plus fortes hausses concernent les cahiers de vacances à destination des maternelles et primaires", ajoute-t-elle.

Chez Hachette, qui édite le célèbre Passeport, le marché est également en augmentation de 40%. "La demande a été immédiate dès la mise en vente", pointe pour BFMTV.com Nathalie Pujo, directrice adjointe d'Hachette éducation.

"Il y a une forte appétence pour les cahiers de vacances alors que les enfants ne sont pas toujours retournés à l'école ou qu'ils n'y sont pas forcément allés tous les jours. Au total, ils ont manqué beaucoup d'heures de classe. Pendant le confinement, on a vendu beaucoup d'ouvrages de soutien."

Même embellie chez Larousse, qui édite notamment la série de cahiers de vacances des Petits génies. "En terme de volume, globalement, les ventes ont augmenté de 57%", détaille pour BFMTV.com Carine Girac-Marinier, la directrice du département en charge du périscolaire. La collection Une saison au zoo connaît même une croissance de 84%.

Pour cette professionnelle du secteur, les parents sont inquiets. "Ils sont à la recherche de nouveaux outils pour réactiver les connaissances tout en s'amusant, voire aborder des notions qui n'auraient pas pu être vues en classe."

"Commencés mais rarement terminés"

Si les cahiers de vacances ont souvent le mérite de rassurer les parents, ils ne seraient pourtant pas indispensables cet été, estime pour BFMTV.com Frédérique Rolet, secrétaire générale pour le collège du syndicat Snes-FSU. "En général, les cahiers de vacances sont commencés mais rarement terminés", note-t-elle.

Cette représentante des enseignants du second degré recommande plutôt aux élèves d'écouter les conseils de lecture ou de révision de leurs professeurs. Et met en garde contre une volonté de rattraper l'année scolaire cet été.

"Les enfants ont besoin de vraies vacances", poursuit Frédérique Rolet.

Même point de vue pour Valérie Pennequin, professeure en psychologie de l'enfant et de l'adolescent à l'Université de Tours. "Je préfère que l'on privilégie les activités qui, l'air de rien, font réfléchir. Compter la monnaie en faisant les courses, aborder l'Histoire en visitant un château ou même faire des mots fléchés à la plage pour apprendre du vocabulaire", pointe-t-elle pour BFMTV.com.

Cette universitaire recommande un seul incontournable: la lecture. "Cela peut être vingt minutes après le repas, mais s'obliger à une heure de cahier de vacances tous les matins, on retrouve vite le cadre scolaire, les enfants ne sont pas motivés et ça devient une contrainte."

Article original publié sur BFMTV.com