Après la sécheresse, la pluie est de retour (mais cette bonne nouvelle ne suffit pas à rassurer)

Le retour de la pluie en France à partir du 7 mars ne sera pas suffisante pour recharger les nappes phréatiques.
Le retour de la pluie en France à partir du 7 mars ne sera pas suffisante pour recharger les nappes phréatiques.

MÉTÉO - La pluie arrive enfin, mais cela ne suffira pas. La sécheresse hivernale de cette année est inédite en France et le mois de février, exceptionnellement doux et sans eau, vient d’être classé au 4e rang des mois les plus secs depuis 1959. Les précipitations annoncées pour le début de semaine par le bulletin de Météo France de ce samedi 4 mars sont donc une bonne nouvelle. Mais l’espoir qu’elles permettent à combler le déficit en eau demeure bien maigre…

Mardi 7 mars et mercredi 8 mars seront des journées particulièrement pluvieuses pour le nord-est de la France, indique le prévisionniste national. Le météorologue Yann Amice évoque en effet « une sorte de trêve » dans un épisode de sécheresse sans fin : « On part sur un changement de temps. L’assèchement des sols, déjà affaiblis par la sécheresse de l’été 2022 sera toujours très inquiétant, mais les prévisions semblent montrer que la sécheresse ne devrait pas s’aggraver », détaille-t-il dans une interview à actu.fr.

Pas suffisant pour recharger les nappes

Malheureusement, même si les précipitations à venir sont une excellente nouvelle pour les cultures, les nappes phréatiques ne pourront pas se remettre de deux mois de retard de remplissage. « La pluie revient en quantité dès le 7 mars (sauf en Méditerranée) ce qui permettra de recharger une partie des sols agricoles, entre 0 et 40 cm. Cela ne sera pas suffisant pour les nappes phréatiques », alerte dès à présent l’agroclimatologue Serge Zaka, sur son compte Twitter.

Effectivement, 32 départements sont actuellement placés en niveau rouge, « très bas », en ce qui concerne leurs réserves d’eau, selon le site Info Sécheresse. Or seule une pluie continue jusqu’en mai pourrait inverser cette situation dramatique. Car après avril, il sera déjà trop tard : le printemps pointant le bout de son nez, les pluies seront absorbées par la végétation bourgeonnante et ne laisseront aucune goutte pour alimenter les nappes.

Une « rivière atmosphérique » insuffisante

Même constat du côté de l’ingénieur prévisionniste à Météo France, Gaétan Heymes qui évoque sur Twitter une « attente impatiente de la rivière atmosphérique (le phénomène météorologique qui se profile et qui provoque de fortes précipitations, ndlr) qui va concerner le pays entre mercredi 8 et dimanche 12 mars ». D’autant que le chercheur nuance : les régions autour de la Méditerranée ne sont pas concernées par le retour de la pluie. Et après le « troisième mois le plus sec de l’année, après juillet et août », les précipitations ne risquent de toute façon pas de suffire pour combler le déficit en eau.

« La pluie arrive enfin la semaine prochaine dans un flux d’ouest à sud ouest. Des cumuls toutefois insuffisants pour les Pyrénées mais appréciables. Inquiétude pour les Pyrénées-Orientales avec poursuite de la sécheresse exceptionnelle », abonde de son côté la station météorologique des Pyrénées.

Continuer d’anticiper avant cet été

Le climatologue Christophe Cassou mettait par ailleurs en garde le 1er mars, sur son compte Twitter, face au « rassurisme » du gouvernement concernant le retour de la pluie : « S’il pleut comme il pleut d’habitude au printemps, nous n’aurons pas de difficultés », assurait par exemple fin février le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.

Une déclaration fausse, selon Christophe Cassou, qui assure que les « semaines futures seront cruciales mais des pluies ’normales’ ne combleront pas le déficit » pluviométrique. Il appelait en ce sens le gouvernement à prendre dès à présent des mesures d’anticipation face à la sécheresse à venir.

La pluie apporte donc son lot d’espoirs, mais ils pourraient être vite douchés alors que la Chaîne Météo annonce d’ores et déjà que les perturbations ne devraient malheureusement pas durer très longtemps. Si le printemps n’est pas suffisamment pluvieux, l’hydrologue David Labat expliquait au HuffPost en janvier que la sécheresse de l’été 2023 pourrait bien être pire que celle de 2022.

À voir également sur Le HuffPost :

Sécheresse : la grande inquiétude des Français - EXCLUSIF

Face à la sécheresse, réutiliser l’eau des toilettes, un des problèmes à résoudre