Après le report de la loi immigration, la droite veut défendre son propre texte

Ne pas se laisser cornériser sur un sujet capital pour la droite. Après les propos d'Élisabeth Borne qui a annoncé le report de la loi immigration "à l'automne" en regrettant l'absence de majorité avec Les Républicains, le parti d'Éric Ciotti compte bien déposer une proposition de loi.

"Nous avons décidé avec Éric Ciotti et Bruno Retailleau de déposer une proposition de loi commune", a fait savoir Olivier Marleix, le patron des députés LR auprès des Échos, sans en préciser les contours.

La droite veut continuer de parler immigration

Mais elle devrait contenir les principales dispositions votées par les sénateurs en commission des lois en mars. Si l'examen du projet de loi défendu par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt est à l'arrêt, la chambre haute avait déjà planché sur la version du texte initialement proposée par le gouvernement.

Au menu: l'instauration de quotas annuels sur le nombre d'étrangers autorisés à s'installer en France, le resserrement des critères de regroupement familial ou encore un contrôle très étroit de l'immigration étudiante.

Autant dire que la droite n'a pas prévu de reculer sur la lutte contre l'immigration illégale dont elle a fait son cheval de bataille et qu'elle ne veut pas se laisser accuser d'être responsable du report.

"Il n'existe pas de majorité pour voter un tel texte, comme j'ai pu le vérifier hier en m'entretenant avec les responsables des Républicains. Ils doivent encore dégager une ligne commune entre le Sénat et l'Assemblée", a pourtant tancé la Première ministre ce jeudi.

"Borne veut faire porter le chapeau" à la droite

Pas question pour la Première ministre de se retrouver dans un schéma proche de la réforme des retraites en l'absence de majorité absolue. Si le Sénat, à majorité de droite, a dit oui à la retraite à 64 ans, les députés LR se sont profondément divisés, un tiers du groupe votant même en faveur d'une motion de censure pour renverser le gouvernement.

Autant dire que Matignon a acté que le soutien des sénateurs au projet de loi immigration ne voulait pas dire que la droite la voterait à l'Assemblée nationale.

"Madame Borne veut nous faire porter le chapeau", a dénoncé le député européen François-Xavier Bellamy ce jeudi matin sur France inter, rappelant la volonté de son parti de déposer son propre texte.

"Le vrai problème de Madame Borne aujourd'hui sur le sujet migratoire, c'est sa propre majorité, ça n'est pas Les Républicains", s'est encore agacé l'élu bruxellois.

Une proposition de loi qui n'a que peu de chance d'aboutir

Éric Ciotti a appelé de son côté à un référendum sur l'immigration pour modifier la Constitution et les engagements de la France en matière de regroupement familial.

Plaidant pour une "révolution", il a énuméré ses propositions de l'absence de "prestations sociales dès le premier jour pour les (immigrés) réguliers", à "l'arrêt du regroupement familial" au toilettage intégral du code de la nationalité. On imagine cependant mal le gouvernement s'emparer de cette demande de référendum.

Mais l'avenir de la proposition de loi évoquée par Olivier Marleix semble cependant très incertain. Si elle devrait être votée sans encombre au Sénat, il lui faudra passer par la niche parlementaire des députés LR dans les prochaines semaines et être adoptée pour les députés pour pouvoir ensuite s'appliquer.

Le calcul semble très improbable. Éric Ciotti n'a d'ailleurs pas fait semblant. "Il n'y aura pas de texte de loi sur l'immigration", a reconnu le député LR sur son compte Twitter.

Article original publié sur BFMTV.com