Après les propos de Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine, des tensions avec Berlin ? Paris assure que non

Olaf Scholz  et Emmanuel Macron, à Berlin le 22 janvier 2024.
RONNY HARTMANN / AFP Olaf Scholz et Emmanuel Macron, à Berlin le 22 janvier 2024.

POLITIQUE - Ein Problem ? Quel problème ? Paris et Berlin jouent la carte de l’apaisement après les récentes joutes verbales entre le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, qui ont montré leurs profondes divergences sur l’Ukraine.

À la sortie du Conseil des ministres, ce mercredi 13 mars, le discours de Prisca Thevenot se veut ferme : « Je crois utile de rappeler ici, que lorsque certains veulent voir des divisions imaginaires là où il n’y en a pas, [que] l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, ont eux aussi signé cet accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine. Dans le soutien à l’Ukraine, les Européens sont unis », martèle la porte-parole du gouvernement.

Mission affichée : faire taire ceux qui accusent Emmanuel Macron de s’isoler sur le plan diplomatique, en particulier vis-à-vis du partenaire allemand. Fin février, le gouvernement allemand a pris ses distances avec les propos du dirigeant français sur l’envoi de troupes (pas forcément combattantes) en Ukraine.

Par la suite, le président de la République s’en est pris implicitement à l’Allemagne, longtemps hésitante à livrer certaines armes lourdes à Kiev. Quelques jours plus tard, il exhortait ses alliés à « être à la hauteur de l’histoire et du courage qu’elle implique » et à ne « pas être lâche ». Une remarque sèchement accueillie par Berlin. Le chancelier, lui, a critiqué implicitement la France sur son aide jugée insuffisante.

C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron se rendra vendredi 15 mars à Berlin pour un sommet tripartite avec l’Allemagne et la Pologne. Ce sera la première rencontre du chef de l’État français avec Olaf Scholz depuis leurs échanges acerbes et, au préalable, le chef de l’État français « aura un entretien de travail » avec Olaf Scholz, a fait savoir la présidence française.

Les ministres sur le front de l’apaisement

Avant ce rendez-vous, les ministres français se sont efforcés de rétablir une relation plus sereine. Ce mercredi 13 mars, la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser a assisté à Paris au Conseil des Ministres. Son homologue Gérald Darmanin s’est empressé de saluer « ce lien unique entre la France et l’Allemagne », évoquant en particulier l’alignement bilatéral sur l’immigration ainsi que l’aide de Berlin pour la sécurisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.

« Je tiens à remercier mon ami français et le président de la République qui m’ont permis d’intervenir aujourd’hui en Conseil des ministres. Je suis extrêmement honorée car c’est l’expression d’une amitié très forte entre la France et l’Allemagne, on travaille de façon étroite et en toute confiance », abonde Nancy Faeser à sa suite. Et d’insister sur « le moteur franco-allemand qui fonctionne de façon optimale ». .

La semaine dernière, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock avait déjà fait le déplacement à Paris pour un entretien avec son homologue Stéphane Séjourné. Le chef de la diplomatie française s’était employé à rassurer, martelant qu’il n’y avait « pas de clash franco-allemand » et en soulignant « la volonté de se parler ». « La relation n’est pas perturbée sur le plan structurel », a assuré à l’AFP l’entourage de Stéphane Séjourné, mais « on assume d’avoir un débat public européen avec des approches différentes qui soient publiquement exposées ».

« Désaccords » ne veut pas dire « désunion »

L’entourage d’Emmanuel Macron soulignait pour sa part mercredi que « des approches différentes » avaient toujours existé sur certains sujets. « On finit toujours par se retrouver sur l’essentiel. »

« Comme tout partenaire, nous sommes suffisamment unis pour nous permettre d’avoir des désaccords et des divergences. Mais en aucun moment nous ne sommes en désunion. Dire ou laisser croire le contraire, c’est accepté d’être les idiots utiles du Kremlin », insiste à son tour Prisca Thevenot. Reste à savoir si l’objectif partagé d’aider l’Ukraine à vaincre la Russie sera suffisant pour surmonter les divergences.

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