Après la note de Standard & Poor’s, la Macronie sous pression (mais pas toute seule)

Éric Ciotti et Gabriel Attal photographiés à l’Assemblée nationale en février 2023 (illustration).
LUDOVIC MARIN / AFP Éric Ciotti et Gabriel Attal photographiés à l’Assemblée nationale en février 2023 (illustration).

POLITIQUE - Ce n’était probablement pas le meilleur moment pour le gouvernement. Si la dégradation de la note de la France par l’agence de notation Standard & Poor’s ce vendredi 31 mai, en réaction au dérapage du déficit, n’aura quasiment aucune conséquence sur l’économie française, celle-ci intervient à une semaine des élections européennes et à l’avant-veille de l’examen de deux motions de censure, déposées par LFI et le RN.

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De quoi électriser le débat alors que la campagne de la tête de liste macroniste, Valérie Hayer, patine dans les sondages et de réveiller le procès en incompétence instruit par les oppositions sur la dette. Sitôt rendue publique, la note attribuée par l’agence américaine a provoqué une avalanche de réactions. « La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu’arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d’impôts, de déficit et de dettes », a dramatisé Marine Le Pen, alors que plusieurs économistes jugent son programme dangereux sur le plan du déficit.

De son côté, le président des Républicains, Éric Ciotti, a dénoncé « la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron/Le Maire » et a publié sur le réseau social X un visuel présentant la situation comme une dégringolade économique de la France. Même sévérité exprimée par le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, qui estime qu’Emmanuel Macron « restera dans l’histoire le président le plus dépensier de la V République avec 1000 milliards de dette supplémentaire à lui seul ».

LR (aussi) sous pression

Si LR a beau jeu de bomber le torse et de faire la leçon au gouvernement en matière de déficit (et même si son contre-budget proposait de nombreuses baisses de recettes), il se trouve que le parti présidé par Éric Ciotti n’avait pas hésité à brandir la menace d’une motion de censure précisément sur cette question de la dette. Certes, le député des Alpes-Maritimes avait fixé des « lignes rouges » qui n’ont pas été franchies par l’exécutif, mais il s’avère que, dans son propre camp, certains poussaient pour une motion de censure sur la dette « dès que possible ». C’est notamment ce que Bruno Retailleau demandait à ses collègues LR de l’Assemblée, il y a un mois à peine.

Or, comme mentionné plus haut, il se trouve que le Rassemblement national a déposé vendredi une motion de censure qui porte justement sur la question de la dette. Dans ce texte porté par Marine Le Pen et qui sera examiné lundi 3 juin, le gouvernement est accusé d’avoir « volontairement sous-évalué » ses prévisions de déficit. Comme LR, la députée du Pas-de-Calais redoute que la Commission européenne inflige à la France une « procédure de déficit excessif ». Après la note publiée par Standard & Poor’s, la cheffe de file des députés RN a donc logiquement appelé Éric Ciotti à sanctionner l’exécutif.

« Notre motion de censure pour faire tomber le gouvernement s’impose ! Si Les Républicains ne la votent pas, ils cautionneront une fois encore le déficit, les impôts et la charge de la dette d’Emmanuel Macron », a-t-elle prévenu sur X, alors que le parti d’extrême droite accuse souvent Les Républicains d’être la « béquille du gouvernement » en refusant de se joindre aux motions de censure. De quoi faire basculer les députés LR ? Pas vraiment. Même si, comme le soulignent Les Échos, la question taraude quelques élus, Éric Ciotti a toujours affirmé que la seule motion de censure que ses députés pourront voter sera celle déposée par le groupe LR.

Ce qui n’est pas le cas des deux textes qui seront à l’examen lundi, déposés par le RN et par la France insoumise. Une position prudente que ne manquera de marteler Jordan Bardella qui, dans la dernière ligne droite de la campagne, continue de jouer le vote sanction contre Emmanuel Macron. Le candidat LR François-Xavier Bellamy, dont la campagne a du mal à prendre dans un contexte où le candidat d’extrême droite attire des électeurs de droite, se serait sans doute aussi bien passé de cette dégradation.

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