Après la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine, que sait-on des circonstances de son décès

Ce que l'on sait sur les circonstances de la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine (Frédéric Leclerc-Imhoff à Corte en Corse. Par Handout / BFM TV / AFP) (Photo: HANDOUT via AFP)
Ce que l'on sait sur les circonstances de la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine (Frédéric Leclerc-Imhoff à Corte en Corse. Par Handout / BFM TV / AFP) (Photo: HANDOUT via AFP)

Ce que l'on sait sur les circonstances de la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine (Frédéric Leclerc-Imhoff à Corte en Corse. Par Handout / BFM TV / AFP) (Photo: HANDOUT via AFP)

UKRAINE - Frédéric Leclerc Imhoff, journaliste pour BFMTV depuis six ans, est mort à l’âge de 32 ans, ce lundi 30 mai, en Ukraine. Quelques heures après l’annonce de son décès, la Russie a affirmé, relayant de fausses informations, que le journaliste était un mercenaire qui livrait des “armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes”.

La réalité est bien évidemment tout autre. Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait des circonstances de la mort de ce jeune reporter français.

Touché au cou par un éclat d’obus

Frédéric Leclerc Imhoff se trouvait dans un bus blindé escorté par des voitures de police, au départ de Kramatorsk, lorsqu’il est mort, aux environs de 14h. Le but de ce convoi était d’aller chercher dix civils, des personnes âgées, bloqués à Lysichansk, 80 kilomètres plus loin, note Franceinfo. Le reporter, assis à l’avant du véhicule, tourne des images de ce périple. C’était la deuxième fois qu’il se rendait en Ukraine pour couvrir la guerre: il y était depuis le 16 mai dernier, ”à sa demande”, a précisé Marc-Olivier Fogiel, le directeur de BFMTV.

Malheureusement, un obus russe explose devant le bus, les éclats atteignant le journaliste à travers le pare-brise. “C’était un obus de gros calibre, de 152 mm, dont les éclats ont transpercé le pare-brise blindé, a précisé à Franceinfo Serhiy Haidai (aussi parfois orthographié Serhiy Gaidai), le gouverneur de la région de Louhansk, occupée dans sa quasi-totalité par les Russes.

Pourtant, Frédéric Leclerc-Imhoff était équipé de protection afin d’éviter d’être blessé contre ce genre d’éclats. Une seule brèche aura cependant suffi: “Les journalistes portaient des casques et des gilets pare-balles mais l’éclat lui a touché le cou. Il ne pouvait pas s’en sortir. C’est la première fois que ça se produit”, a expliqué Serhiy Haidai, ajoutant que “des journalistes ont déjà accompagné nos patrouilles de police”.

Maxime Brandstaetter, reporter BFMTV qui accompagnait Frédéric Leclerc-Imhoff, a été légèrement blessé lors de cette frappe, et leur ‘fixeuse’ Oksana Leuta, n’a pas été touchée.

“Le bus a été pris pour cible, pas le journaliste directement”

“C’était manifestement un convoi humanitaire, c’était écrit sur le pare-brise. L’enquête devrait le confirmer, mais manifestement, l’obus visait ce convoi”, a déclaré sur France Inter, ce mardi matin, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).

“Le camion blindé n’a pas été touché directement mais des éclats ont traversé le pare-brise blindé. Un éclat a touché Frédéric”, explique de son côté Patrick Sauce, grand reporter de la chaîne d’info, auprès de 20 Minutes.

“Le bus a été pris pour cible, pas le journaliste directement. (…) Ce qui est clair, c’est que lors des convois d’évacuation, il y a presque systématiquement des incidents. À Marioupol, un convoi sur deux a été pris pour cible”, a souligné Étienne de Poncins, ambassadeur de France en Ukraine, interrogé depuis Kiev ce mardi matin par Franceinfo.

“Ils ont estimé que la mission était suffisamment sécurisée”

“Frédéric n’était pas une tête brûlée. Il pesait chaque minute de sa mission, a déclaré visiblement ému Marc-Olivier Fogiel sur le plateau de la chaîne BFMTV. Les trois membres de l’équipe ont échangé comme tous les matins: Oksana et Frédéric ont estimé que la mission était suffisamment sécurisée pour pouvoir y aller. Maxime, lui, avait plus de questions, comme il aurait pu en avoir la veille ou le lendemain. Mais c’est aussi ça une équipe de reportage, c’est des gens très soudés, ils ont décidé d’y aller”.

À la suite de l’annonce du décès de Frédéric Leclerc-Imhoff, le parquet national antiterroriste a indiqué ouvrir une enquête pour crimes de guerre.

“L’enquête est ouverte des chefs d’atteinte volontaire à la vie d’une personne protégée par le droit international des conflits armés, attaques délibérées contre des personnes qui ne prennent pas part directement aux conflits et attaques délibérées contre le personnel et les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire”, a détaillé le parquet antiterroriste.

“C’est un double crime qui vise un convoi humanitaire et un journaliste”, a écrit la ministre des Affaires Étrangères Catherine Colonna sur Twitter, se disant “profondément attristée et choquée”. Elle-même se trouvait en Ukraine ce lundi, une première pour un membre du gouvernement depuis l’invasion russe.

Le corps de Frédéric Leclerc-Imhoff a été évacué sur la ville de Dnipro, au centre de l’Ukraine, selon Franceinfo.

Progression de l’armée russe à l’Est

Severodonetsk, où est décédé le journaliste, est une ville clé de l’Est où l’armée Russie progresse, pilonnée depuis des semaines et où se déroulent désormais des combats de rue, selon le gouverneur de la région.

“Les combats se poursuivent, la situation est très difficile”, a indiqué sur Telegram Serhiy Haidai. Selon lui, deux personnes ont été blessées lundi lorsque leur voiture a été prise pour cible et trois médecins sont portés disparus.

Les troupes de Vladimir Poutine s’avancent également vers Lyssytchansk alors qu’au sud l’armée ukrainienne dit progresser dans la région de Kherson.

À voir également sur Le HuffPost: Le Donbass ravagé par une bataille acharnée, Severodonetsk menacée

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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