Manif d’extrême droite à Paris : les justifications de Nunez ne passent pas à gauche

Le préfet de police de Paris a expliqué sur BFMTV pourquoi la manifestation du Comité du 9-Mai n’était pas interdite. Incompréhensible pour la gauche.

« Inquiétant », « hallucinant »... Après la manifestation de l’ultra-droite organisée à Paris samedi, le préfet de police de Paris Laurent Nunez s’est exprimé lundi 8 mai sur BFMTV pour justifier son choix de ne pas interdire cette manifestation. À gauche, ses explications ne passent pas du tout.

Près de 600 militants du Comité du 9-Mai, selon les autorités, avaient manifesté pour commémorer le 29e anniversaire de la mort d’un militant d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement en 1994. Ces manifestants, habillés de noir et souvent masqués, ont exhibé des drapeaux noirs marqués de la croix celtique et scandé, en fin de rassemblement, « Europe jeunesse révolution », le slogan du GUD (Groupe d’union Défense).

Dès lundi matin, sur Twitter, le sénateur socialiste de Paris David Assouline a interpellé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, estimant « inadmissible d’avoir laissé 500 néonazis et fascistes parader au cœur de Paris ». L’incompréhension a même fini par gagner le camp présidentiel.

Laurent Nunez se défend

Face aux critiques, la préfecture de police a réagi dans un long communiqué. Un peu plus tard, le préfet de police Laurent Nunez a insisté sur BFMTV : « J’ai la possibilité d’interdire les manifestations quand je considère qu’il y a des risques de troubles à l’ordre public », c’est-à-dire quand il y a des « risques de violence, de dégradation, d’exaction ».

   

« Il faut de surcroît que je démontre qu’avec les forces de police dont je dispose, je ne serais pas en mesure de contenir ces violences et ces débordements. (...) C’est ce qui a fait que nous n’avons pas pris d’arrêté d’interdiction », a-t-il expliqué, rappelant qu’un précédent arrêté d’interdiction visant un autre rassemblement de l’extrême droite en février avait été annulé.

Ces justifications n’ont pas du tout convaincu la classe politique, surtout la gauche. « Dans l’ensemble, ils étaient corrects », s’est moqué l’eurodéputé écologiste David Cormand sur Twitter en partageant l’interview vidéo du préfet de police.

Les casserolades et l’ultra-droite

« Une casserole = trouble à l’ordre public. Un nazi = pas un trouble à l’ordre public. Et c’est un 8 mai que le préfet de police de Paris déclare cela. Hallucinant », s’est pour sa part étonné le député EELV Benjamin Lucas.

Même indignation pour la députée LFI Nathalie Oziol. « Donc les casserolades sont un trouble à l’ordre public. Les manifs néonazies n’en sont pas. C’est inquiétant », a-t-elle écrit sur le même réseau social, tandis que son collègue Hadrien Clouet s’étonne également que « “Les nazis ne troublent pas l’ordre public” pour ces gens ».

« C’est vrai que ça avait l’air vraiment bon enfant (contrairement aux dangereuses casseroles) et puis bon… faut séparer l’homme du néo-nazi… », renchérit Aurore Lalucq, l’eurodéputée du parti Place publique. Najat-Vallaud Belkacem, ex-ministre de François Hollande, s’interroge : « ?????!!!! On est vraiment passés à autre chose là, non ? »

Pour se défendre, le préfet de police Laurent Nunez a annoncé toujours sur BFMTV avoir « saisi sans attendre la procureure de Paris » sur le fait « que des individus, la plupart, manifestaient le visage dissimulé ». Ce qui constitue une infraction. « Les conditions juridiques n’étaient pas réunies pour interdire cette manifestation. Je l’assume totalement », a-t-il insisté.

Le préfet s’est agacé que certains puissent l’accuser d’être « plus tolérant avec l’extrême droite qu’avec l’extrême gauche ». « C’est totalement faux et absolument inacceptable à mes yeux », a dit Laurent Nunez, rappelant son action passée à la Direction générale de la sécurité intérieure puis comme coordinateur de la lutte contre le terrorisme.

Il a souligné qu’une « dizaine de dossiers » concernant l’ultradroite étaient actuellement traités par le parquet national antiterroriste (PNAT).

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