Après l'annulation de ses deux visites, Gérald Darmanin en Corse pour "échanger sur l'avenir" de l'île

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a entamé samedi à Calvi une visite de deux jours en Corse, consacrée notamment à "échanger sur l'avenir", avant la reprise de discussions avec les dirigeants autonomistes.

"Je suis là pendant deux jours pour discuter avec l'ensemble des élus", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie à la mairie de Calvi (Haute-Corse), soulignant qu'il souhaitait "échanger librement sur l'avenir de la République" et "pour aider la Corse dans la République".

"On a des discussions importantes (...), une réunion importante se tiendra la semaine prochaine à Paris", a poursuivi le ministre.

Gérald Darmanin fait référence à son invitation lancée à Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis, respectivement président et présidente autonomiste du conseil exécutif et de l'Assemblée de Corse, de reprendre les discussions sur l'avenir de l'île le 24 février.

Au second jour de sa visite dans l'île, il aura dimanche un "déjeuner de travail" avec Gilles Simeoni et des membres de l'exécutif corse à Corte (Haute-Corse).

Aucune visite "politique" depuis juillet

Le ministre s'était rendu dans l'île de Beauté en août dernier, après les orages catastrophiques qui y avaient fait cinq morts, et début février, pour le 25e anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac.

Mais depuis juillet et le lancement d'un cycle de concertations sur l'avenir de l'île, Gérald Darmanin n'avait plus effectué aucune visite "politique" en Corse. Il avait ainsi annulé ses visites prévues en octobre puis décembre, face aux vives tensions nées autour du énième refus de la justice d'octroyer un régime de semi-liberté à Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux derniers membres du "commando Erignac" condamnés à la perpétuité, qui étaient libérables depuis 2017.

Le troisième membre de ce commando condamné à la perpétuité, Yvan Colonna, est décédé le 21 mars des suites de ses blessures, deux semaines après son agression par un codétenu à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône). C'est après ce drame que M. Darmanin s'était engagé à discuter de l'avenir de l'île, jusqu'à "une potentielle autonomie".

"Il n'y a pas eu de rupture du fil du dialogue", insistait toutefois l'entourage de M. Darmanin avant cette visite, répétant que le ministre voulait "parler à tous les Corses, quelle que soit leur sensibilité".

"Etat d'esprit positif"

À Calvi, Gérald Darmanin a par ailleurs signé le volet du plan de transformation et d'investissement pour la Corse (PTIC) pour cette localité, avec à la clé 10 millions d'euros pour financer notamment l'aménagement du théâtre de verdure et la mise en lumière de la citadelle.

Il a à cette occasion indiqué que "le président de la République (lui) a demandé de réfléchir à un nouveau système, un nouveau moyen de renforcement des moyens de l'Etat en Corse, pour aider directement les collectivités locales". "C'est une première étape, l'investissement touristique, économique et culturel sera accompagné par l'Etat", a-t-il dit.

"Je n'ai rien à vous demander car vous nous avez déjà beaucoup donné", a déclaré de son côté le maire divers droite de Calvi, Ange Santini, se félicitant de la "contractualisation" des aides de l'État représentée par le PTIC.

"Des mesures nécessitant l'autonomie"

Jean-Félix Acquaviva, député autonomiste de la seconde circonscription de Haute-Corse, présent samedi à Calvi, mais dont la venue n'avait pas été annoncée, a évoqué un "état d'esprit positif", après un échange avec Gérald Darmanin. Il a toutefois insisté sur le fait que "des mesures nécessitant l'autonomie pour faire progresser la Corse d'un point de vue économique social et culturel doivent être prises rapidement".

Quelque heures avant l'arrivée du ministre, un nouvel incendie criminel a eu lieu dans la nuit dans un camping à Olmeto (Corse du Sud) et des inscriptions nationalistes ont été retrouvées sur place, a-t-on appris auprès des pompiers et de source judiciaire. Un mobil-home a été incendié, sans faire de blessés.

Le parquet d'Ajaccio a confirmé la découverte sur place de tags "IFF" (I Francesi fora, "les Français dehors" en langue corse), et "GCC", un nouveau groupe clandestin, "Ghjuventu Clandestina Corsa" (Jeunesse clandestine corse), qui avait annoncé sa création le 7 février, affirmant marcher "sur les traces du FLNC" (Front de libération nationale corse).

Article original publié sur BFMTV.com