Après l’interview de Macron sur France 2 et TF1, l’opposition tance un président qui « ne comprend pas »

Après l’interview de Macron sur France 2 et TF1, l’opposition tance un président qui « ne comprend pas »
Après l’interview de Macron sur France 2 et TF1, l’opposition tance un président qui « ne comprend pas »

POLITIQUE - « On ne s’attendait à rien. Mais rien eût été mieux », cingle l’écologiste Sandrine Rousseau à l’issue de la prise de parole d’Emmanuel Macron ce mercredi 22 mars. En pleine contestation de la réforme des retraites en dépit de son adoption (forcée) au Parlement, les réponses du président de la République ont ulcéré les élus de tous bords, de la NUPES au Rassemblement national (RN) en passant par certains LR.

« C’est hallucinant, il est dans un déni absolu », a déclaré le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure depuis l’Assemblée nationale. « Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé », a-t-il ajouté, tandis que son collègue de l’hémicycle Boris Vallaud résume : « Sarkozy sur la forme. Fillon sur le fond. Pasqua sur le maintien de l’ordre. »

Devant la presse, Jean-Luc Mélenchon n’a lui vu dans le discours que « les marques traditionnelles du mépris dont (le président de la République) nous a accablés jusque-là ». Son successeur à la tête de La France Insoumise Manuel Bompard appelle, lui, à poursuivre « le bras de fer dans la rue et dans la grève » en déferlant « par millions » jeudi 23 mars à l’appel des syndicats, tandis que le député de la Somme François Ruffin constate sur BFMTV : « M. Macron arrive à faire l’union de François Ruffin, Laurent Berger, Charles de Courson et Léna Situations », en référence à la prise de position de l’influenceuse qui a dénoncé le recours du gouvernement au 49-3.

Le « mépris » d’Emmanuel Macron pour « la France qui travaille » est aussi revenu chez Marine Le Pen. « Il a comparé la foule, c’est-à-dire les manifestants dans leur ensemble, à ce qui s’est déroulé au Capitole, au Brésil. Il dit qu’il respecte mais il insulte tous les Français, tous ceux qui, en vertu du respect de la Constitution, manifestent y compris pacifiquement, ou ceux qui sont en grève », a fustigé lors d’une conférence de presse l’ancienne candidate à la présidentielle à la tête des députés RN.

Emmanuel Macron « ne comprend pas »

Quel que soit le camp, le même reproche est revenu : celui d’un président qui « ne comprend pas » les Français et leur colère. La Secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier s’est ainsi dite « glacée par la démonstration d’autosatisfaction du président » qui, à ses yeux, a tenu des « propos offensants ». « On a affaire à un complet décalage entre la colère des gens, le nombre de manifestants et la vacuité des réponses. Que lui faut-il pour comprendre qu’il faut qu’il change de ton, d’attitude, qu’il respecte les Français, les syndicats ? », ajoute-t-elle sur France Inter.

« Emmanuel Macron ne comprend pas. Ne rien changer, attendre, bidouiller, c’est jouer avec le feu. Comment ignorer à ce point les Français ? », tweete aussi le député LR du Lot Aurélien Pradié, l’un des opposants de droite les plus hostiles à la réforme. Sur franceinfo, son collègue Fabien Di Filippo abonde et considère « le chapitre » sur les retraites « est loin d’être clos ». Le président de la République « ne comprend pas les ressorts du pays, la défiance qui traverse la France qui travaille, qui en a marre de tout pays et qui ne bénéficie d’aucune aide », estime l’élu de Moselle.

L’élu RN de l’Oise Philippe Ballard résume à sa manière l’intervention présidentielle en quelques mots : « mépris des Français et mensonges XXL ».

Quant au patron du PCF Fabien Roussel, il compare désormais la situation politique à « une cohabitation » entre Emmanuel Macron et les Français. « Rien » dans son discours n’est « à même d’apaiser la colère légitime qui s’exprime contre la retraite à 64 ans », juge-t-il.

Le président de la République n’a pas crispé que les oppositions politiques. Immédiatement après la fin de sa prise de parole, Laurent Berger l’a accusé de mentir sur la position de la CFDT pendant les consultations sur la réforme. « « Il n’y a aucune réponse du président de la République.(...) Soit il a une méconnaissance de notre système et c’est très grave, soit il se fout de notre gueule », réagit le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. On est loin de lapaisement espéré.

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