Après les inondations en Libye, les secouristes demandent en urgence des housses mortuaires pour éviter une épidémie

Le maire de Derna, Abdulmenam al-Ghaithi, réclame aussi l’aide « d’équipes spécialisées dans la récupération des corps » qui jonchent les rues.

La crainte de la prolifération de maladies. Les secouristes présents à Derna, la plus touchée par les inondations dramatiques survenues en Libye, ont lancé un appel ce mardi 13 septembre pour obtenir davantage de housses mortuaires. Des milliers de personnes sont décédées dans cette ville portuaire, et beaucoup de cadavres ont été emportés par la mer ou jonchent les rues, faisant craindre l’apparition d’une épidémie.

Le maire de Derna, Abdulmenam al-Ghaithi, a déclaré à la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya que le nombre de morts dans la ville pourrait atteindre entre 18 000 et 20 000, compte tenu du nombre de quartiers détruits par les inondations.

« Où que l’on aille, on trouve des cadavres »

« Nous avons besoin d’équipes spécialisées dans la récupération des corps », a poursuivi Abdulmenam al-Ghaithi, cité par le quotidien britannique The Guardian. « Je crains que la ville ne soit contaminée par une épidémie en raison du grand nombre de corps sous les décombres et dans l’eau ».

Alors que le bilan des morts ne cesse lui de grimper, depuis mardi, des cadavres ont été rejetés par une mer Méditerranée, devenue aussi brune que la boue. D’autres corps enveloppés dans des couvertures jonchent toujours les rues. La nécessité d’enterrer les corps pour éviter la propagation des maladies est telle que des centaines de personnes ont été enterrées dans des tombes collectives.

« Les corps sont partout, dans les maisons, dans les rues et dans la mer. Où que l’on aille, on trouve des cadavres », a raconté à Associated Press Emad al-Falah, un travailleur humanitaire de Benghazi. Lutfi al-Misrati, directeur d’une équipe de recherche, a insité à Al Jazeera : « Nous avons vraiment besoin de housses pour les corps ».

Plus tôt, Hichem Abu Chkiouat, ministre de l’aviation civile de l’administration qui dirige l’est de la Libye, avait déclaré que « la mer déversait constamment des dizaines de corps », relate The Guardian.

Danger des munitions non explosées

Un responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Erik Tollefsen, a aussi mis en garde contre un autre danger, celui lié aux munitions non explosées qui ont été déplacées vers « des zones auparavant exemptes de contamination » par les crues. Cela fait courir « davantage de risques pour les survivants et les personnes chargées de l’aide humanitaire », a-t-il averti auprès de l’AFP.

Quelque 3 000 personnes ont aussi été déplacées à al-Bayda et plus de 2000 à Benghazi, des villes situées plus à l’ouest, selon l’OIM. Il s’agit de la pire catastrophe naturelle touchant la Cyrénaïque, province orientale de la Libye, depuis le grand tremblement de terre qui a frappé la ville d’al-Marj en 1963.

Dans le pays comme depuis l’étranger, la mobilisation est forte pour aider les victimes. La Jordanie a envoyé un avion d’aide humanitaire et l’Italie a annoncé le départ d’un navire et de deux avions de transport militaires pour acheminer experts et matériel logistique. Un avion français transportant une quarantaine de sauveteurs et plusieurs tonnes de matériel sanitaire, dont un hôpital de campagne, a également été affrété. L’Égypte va pour sa part installer des camps dans l’ouest du pays pour abriter les survivants des inondations.

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