Après les incendies au Québec, de vastes pans de forêt n’arriveront pas à se régénérer

Ce sont 290 000 hectares – l’équivalent de trois fois le lac Saint-Jean – de forêt brûlés au Québec cet été qui présentent des “risques élevés de mauvaise régénération”, selon une analyse dont les résultats ont été transmis au Devoir. À moins de faire l’objet d’un chantier historique de reboisement, ces territoires verront les épinettes noires [ou épicéa noir] disparaître au profit d’arbustes et de lichens, qui domineront les paysages affectés pour des milliers d’années.

Pour l’industrie forestière, c’est une perte colossale. Pour les écosystèmes, une transformation radicale. Et pour la séquestration de carbone, un déficit inquiétant.

L’enjeu de la maturité sexuelle des arbres

D’autant plus que les 290 000 hectares ne concernent que la “zone intensive” de la forêt boréale québécoise, c’est-à-dire celle exploitée pour son bois au sud du 51e parallèle. Plus au nord, d’immenses territoires supplémentaires éprouveront aussi de graves difficultés à se régénérer.

“C’est énorme !”, observe Victor Danneyrolles, un professeur d’écologie forestière de l’université du Québec à Chicoutimi (UQAC) qui fait partie des auteurs de l’analyse. “Les accidents de régénération, c’est un phénomène qu’on observe depuis toujours, mais plutôt de manière ponctuelle. On savait que ce serait un gros enjeu en cas d’augmentation des feux. Avec près de 300 000 hectares d’un coup, ça devient vraiment un gros problème. Et si ce qu’on voit cette année devient la nouvelle norme, là, on sera complètement ailleurs…”, ajoute-t-il.

Les accidents de régénération surviennent quand un feu frappe une jeune forêt d’épinettes noires, coupée ou brûlée dans le dernier demi-siècle. Ces arbres mettent des décennies pour arriver à maturité sexuelle. Les jeunes épinettes qui meurent dans les flammes ne laissent donc aucune cocotte pour assurer la relève. Ce qui laisse toute la place aux éricacées, des arbustes à fleurs, et aux lichens. Ces végétaux couvrent le sol et bloquent la repousse des arbres, qui ne resurgissent que de façon éparse.

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