Après la France, l’Union européenne aussi va mettre un coup d’arrêt à la réduction des pesticides

Ursula von der Leyen, ici s’exprimant lors d’un débat sur les résultats des derniers sommets de l’UE, dans le cadre d’une session plénière au Parlement européen à Strasbourg, le 6 février 2024.
FREDERICK FLORIN / AFP Ursula von der Leyen, ici s’exprimant lors d’un débat sur les résultats des derniers sommets de l’UE, dans le cadre d’une session plénière au Parlement européen à Strasbourg, le 6 février 2024.

UNION EUROPÉENNE - C’est un nouveau gage donné aux agriculteurs. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a porté ce mardi 6 février le coup de grâce à un projet législatif, déjà bloqué par les eurodéputés, visant à réduire l’usage des pesticides.

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Elément-clé du « Pacte vert », ce texte proposé mi-2022 par Bruxelles prévoyait des objectifs contraignants pour réduire de moitié d’ici 2030 l’utilisation et les risques des produits phytosanitaires chimiques dans l’UE par rapport aux années 2015-2017.

« C’est devenu un symbole de polarisation », a déploré Ursula von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg, alors que les agriculteurs en colère dénoncent depuis des semaines des normes écologiques excessives.

« Pour avancer, davantage de dialogue et une approche différente sont nécessaires. La Commission pourrait faire une nouvelle proposition beaucoup plus mûre, avec la participation des parties prenantes », a ajouté Ursula von der Leyen, sans indiquer de calendrier.

« Les agriculteurs ont besoin de raisons économiques d’adopter des mesures de protection de la nature, peut-être n’avons-nous pas exposé ces raisons de manière convaincante », a-t-elle regretté.

Le Copa-Cogeca, organisation regroupant les syndicats agricoles majoritaires au niveau européen, avait fustigé « un pur texte idéologique, mal calibré, irréaliste et non financé ».

Le Parlement européen avait rejeté la proposition fin novembre

Le Premier ministre belge Alexander De Croo, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE, a salué le retrait : « Il est crucial de garder les agriculteurs de notre côté pour un avenir plus durable de l’agriculture, le dialogue continue », a-t-il estimé.

« Longue vie aux agriculteurs, dont les tracteurs forcent l’Europe à revenir sur la folie » qui leur est « imposée », a renchéri le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini.

L’eurodéputée LFI Manon Aubry a elle dénoncé sur X une « nouvelle victoire des tout-puissants lobbies de l’industrie chimique qui pourra continuer à empoisonner les gens, la nature et les animaux ».

Le Parlement européen avait rejeté la proposition pesticides fin novembre, après des amendements d’élus PPE (droite) la vidant largement de sa substance pour éviter au monde agricole des contraintes considérées comme intenables.

Un blocage rarissime qui contribuait à l’enterrer de facto à quelques mois des élections européennes de juin 2024, alors que le « Pacte vert » de l’UE fait figure d’épouvantail.

Théoriquement, les ministres de l’Agriculture pouvaient continuer à débattre du texte, mais les négociations entre les Vingt-Sept étaient durablement enlisées, plusieurs États s’alarmant de l’impact sur les rendements et la souveraineté alimentaire.

Début février, dans une nouvelle série d’annonces en réponse à la crise agricole en France, Gabriel Attal avait annoncé une « mise en pause » du plan Ecophyto, qui vise à réduire l’usage des pesticides.

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