Après le film « La syndicaliste » sur Maureen Kearney, LFI veut une commission d’enquête
POLITIQUE - La Syndicaliste, le film de Jean-Paul Salomé et Fadette Drouard a « cloué » Clémentine Autain sur son fauteuil. Ce mardi 28 février, à la veille de la sortie en salle du film racontant l’histoire de la syndicaliste Maureen Kearney, le groupe La France Insoumise plaide pour l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur une affaire « l’on peut pressentir comme un scandale d’état ».
La Syndicaliste, adapté d’un livre-enquête de la journaliste de L’Obs Caroline Michel-Aguirre, revient sur une affaire qui a éclaboussé le nucléaire français en 2012 : l’histoire de Maureen Kearney, représentante CFDT chez Areva, farouchement opposée à un accord entre Areva, EDF et l’opérateur nucléaire chinois CGNPC permettant des transferts de technologie en vue du développement d’un nouveau réacteur chinois. Elle jugeait cet accord dangereux, compte tenu de la sensibilité des informations transmises qui, selon elle, mettaient en péril le maintien de l’emploi sur le territoire français.
En décembre 2012, après des mois à dénoncer ce projet, Maureen Kearney est retrouvée ligotée à son domicile, victime d’un viol avec le manche d’un couteau et un « A » scarifié sur le ventre. Elle a ensuite été jugée coupable en première instance d’avoir mis en scène cette agression, liée selon elle à son combat syndical, avant d’être relaxée en appel en 2018. Elle n’a pas ensuite souhaité poursuivre la procédure pour viol.
C’est l’actrice Isabelle Huppert qui a été choisie pour jouer le rôle de la syndicaliste. À ses côtés, Yvan Attal, dans la peau de Luc Oursel, propulsé en 2011 dirigeant d’Areva par Nicolas Sarkozy et décédé depuis et Marina Foïs qui incarne sa prédécesseure Anne Lauvergeon.
« Est-ce qu’il y a eu des pressions ? »
« C’est l’histoire d’un scandale d’État potentiel », a estimé mardi la députée Clémentine Autain lors de la conférence de presse hebdomadaire de LFI. « Progressivement, gendarmerie et justice transforment la victime en coupable », a-t-elle dit, s’interrogeant sur d’éventuelles « pressions ».
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— Groupe parlementaire La France Insoumise - NUPES (@FiAssemblee) Voir le tweet
« Pourquoi est-ce que la justice n’a pas fait correctement son travail ? Est-ce qu’il y a eu des pressions sur les gendarmes et le procureur de Versailles ? Pourquoi le Parquet ne s’est pas autosaisi ? Que savaient les ministres ? Arnaud Montebourg, ministre de l’Industrie, a apporté son soutien mais bien d’autres personnalités politiques, de près ou de loin, ont su ce qui se passait. Pourquoi n’ont-ils rien fait ou qu’ont-ils fait ? », énumère la députée de Seine-Saint-Denis, qui évoque également « deux rapports » dont un à la DGSE sur l’ingérence chinoise commandés par François Hollande et qui « sont visiblement introuvables ».
La demande de commission d’enquête porte aussi sur une affaire impliquant un ancien cadre de Veolia, qui aurait subi des menaces et dont la femme aurait été agressée à son domicile. « Emmanuel Petit a été licencié après s’être opposé à l’intermédiaire Alexandre Djouhri », qui « aurait réclamé une part dans un dossier de création d’une filiale Veolia au Moyen-Orient », écrit LFI dans le texte de sa demande. « La similitude entre les deux affaires est quand même assez impressionnante », souligne Clémentine Autain.
Les Insoumis réclament que soient examinées les étapes des procédures de ces deux affaires, notamment le « choix du parquet de ne pas poursuivre », ainsi que le rôle des responsables politiques et des services de renseignement.
La France Insoumise ayant déjà fait usage de son droit de tirage pour réclamer une commission d’enquête, leur demande ne pourra aboutir que si elle est soutenue par une majorité de députés de l’Assemblée. « Nous demandons très solennellement à la présidente de l’Assemblée de se saisir d’urgence de cette demande de commission d’enquête », résume la présidente du groupe insoumis Mathilde Panot.
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