Après les Ehpad Orpéa, le groupe Medicharme visé par deux enquêtes administratives

Le groupe privé est visé par des missions d’inspection de l’Igas et l’IGF après la découverte de « difficultés au niveau opérationnel ».

Le groupe d’Ehpad Medicharme dans le viseur du gouvernement après des dysfonctionnements repérés lors des contrôles.
Le groupe d’Ehpad Medicharme dans le viseur du gouvernement après des dysfonctionnements repérés lors des contrôles.

JUSTICE - Un nouveau groupe d’Ehpad dans le viseur du gouvernement. Medicharme, qui gère 43 établissements en France, est visé par deux enquêtes administratives après la découverte de « difficultés au niveau opérationnel » dans l’entreprise, annoncé ce vendredi 27 octobre le ministère des Solidarités dans un communiqué, confirmant des informations du Parisien.

Les difficultés de Medicharme ont été mises au jour dans le cadre du vaste plan de contrôle mené par le gouvernement dans les 7 500 Ehpad de France. Il se voulait une réponse au scandale Orpéa, du nom de ce groupe de maisons de retraite où de nombreux dysfonctionnements ont été révélés par le livre de Victor Castanet Les Fossoyeurs en janvier 2022, dont des maltraitances sur personnes âgées.

Le contrôle effectué à Medicharme a permis de constater la situation financière « dégradée » du groupe (qui n’est pas coté en Bourse) « en raison d’une augmentation des coûts et d’une faiblesse du taux d’occupation » des établissements, précise la lettre de mission des ministères des Comptes publics, du Travail et des Solidarités adressée à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et à l’IGF (Inspection générale des finances) que l’AFP a pu obtenir.

Conclusions attendues en début 2024

Cette lettre évoque des « risques budgétaires et financiers », mais surtout la crainte d’un « impact sur la prise en charge des résidents » lié à certaines pratiques managériales, détaillées comme ayant trait à « la rotation importante du personnel, la politique de recrutement fondée pour partie sur une logique de suppression de postes et le recours à l’intérim ».

C’est pourquoi le ministère des Solidarités a chargé l’IGF et l’Igas d’examiner la situation de Medicharme pour des conclusions attendues début 2024. Leur mission sera d’examiner « les pratiques commerciales et financières du groupe », ses « pratiques managériales », le « temps de présence effectif des personnels » auprès des résidents, et ses « modalités de signalement » d’incidents.

« Contexte économique défavorable »

Dans une déclaration transmise au HuffPost, Medicharme se dit « indigné par la campagne de dénigrement orchestrée par l’ancien fondateur [Patrick Boulard] et président du groupe, révoqué en 2022 ». Le groupe ajoute que « la nouvelle gouvernance a mis fin à la stratégie d’achat de nouveaux Ehpad » et « a mobilisé toutes les ressources de l’entreprise pour renforcer la qualité de prise en soin des résidents et éviter toute situation de maltraitance ».

Medicharme dit travailler « sereinement » avec les services de l’État et assure que les résultats des enquêtes « seront communiqués de manière transparente ». Mais reconnaît aussi que « comme tous les Ehpad, publics ou privés, nous sommes confrontés à des difficultés financières dans un contexte économique défavorable ».

« La mise en place de cette mission d’inspection démontre la nécessité d’une véritable culture du contrôle que nous avons mise en place », félicite pour sa part la ministre des Solidarités Aurore Bergé dans le communiqué du ministère. Nous restons pleinement mobilisés pour garantir la continuité de l’accompagnement, la qualité de la prise en charge et la sécurité des résidents de ces établissements », ajoute-t-elle.

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