Après la dissolution de l’Assemblée, Ruffin veut un Front Populaire, les appels à l’union des gauches s’enchaînent

François Ruffin au salon de l’Agriculture le 27 février.
Henrique Campos / Henrique Campos / Hans Lucas via François Ruffin au salon de l’Agriculture le 27 février.

POLITIQUE - Union express ? Alors qu’Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale dimanche 9 juin, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées le 30 juin et 7 juillet prochains, les voix se sont très rapidement élevées chez certains pour tenter un nouveau rassemblement des partis de gauche. Une sorte de « deuxième Nupes », même si personne ne l’appelle de la sorte, destinée à présenter un front uni face aux risques de voir le RN de Jordan Bardella remporter davantage de sièges de députés à l’Assemblée nationale.

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« Nous sommes au pied du mur. Au lieu de répondre à la colère populaire, Macron prend le risque de donner les clés du pays à l’extrême droite. (...) L’union des gauches et des écologistes est un devoir, un impératif. Une semaine pour faire l’unité dans la clarté. Deux semaines pour mener la campagne et obtenir la majorité des sièges », préconise Clémentine Autain sur X (anciennement Twitter). La députée LFI de Seine-Saint-Denis propose « une réunion dans les plus brefs délais de tous les député⸱es de gauche et écologistes pour faire front commun ».

« Je lance l’appel à mes amis, voyons-nous rapidement, travaillons ensemble à un pacte pour la France en mettant les politiques sociales, les salaires, le pouvoir d’achat, la répartition des richesses », a de son côté lancé Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, patron d’une des formations de l’alliance de gauche mise en place pour les législatives de 2022 et qui a explosé en vol depuis.

Le « Front Populaire » de Ruffin

Et certains, comme François Ruffin, député LFI de la Somme, ont même déjà trouvé un nom à ce front : le « Front Populaire », en référence à l’union des partis de gauche qui a eu lieu en 1936 autour de Léon Blum, déjà, à l’époque, dans le cadre d’élections législatives.

C’est en tout cas ce qu’il a proclamé sur son compte X dans la soirée et c’est aussi ce qu’il a déclaré sur TF1, lors d’une soirée électorale plus longue que prévu.

« L’union est possible avec tout le monde. Je le dis à Marine Tondelier, Fabien Roussel, Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon : est-ce qu’on veut gagner ensemble ou perdre séparés ? (...) Je pense que dans notre histoire, on l’a vu dans les années 1930 en France, on a fait le Front populaire, on n’a pas fait le nazisme, on n’a pas fait le fascisme. Il n’y a pas de fatalité », a-t-il clamé, dans un extrait à voir ci-dessous.

« Je ne vois qu’une seule chose ce soir, c’est un Rassemblement national qui est au-delà de 40 %, avec toute l’extrême droite. Dans ce contexte-là, il n’y a pas le choix, il faut qu’on arrête les conneries et qu’on soit le plus unis possible », a résumé François Ruffin.

La figure des Insoumis estime même que les résultats de la gauche lors des élections européennes du 9 juin, « c’est pas non plus la cata », malgré « des mois de campagne à s’insulter, à s’ingénier à se déchirer ». « Il y a encore 30 % d’électeurs de gauche qui se sont rendus aux urnes. Donc c’est presque un miracle. En tout cas, c’est un socle sur lequel on peut s’appuyer pour faire mieux, pour aller plus haut », a-t-il poursuivi. Ceci alors que la liste des Insoumis aux Européennes devrait réunir environ 8 % des voix, en quatrième position derrière le RN (à plus de 30 %), Renaissance et le PS (environ 15 % chacun), selon les dernières estimations.

« Il a raison, François » Ruffin

Un appel qui semble avoir été entendu. « Qu’est-ce qu’on veut ? L’union des gauches », scandaient des dizaines de manifestants rassemblés spontanément dimanche soir, place de la République, agitant des drapeaux EELV et Insoumis.

« Nous sommes potentiellement à 4 semaines d’un.e Premier.e Ministre xénophobe, d’un.e ministre de l’Intérieur raciste, d’un.e ministre de l’éducation nationale sexiste, d’un.e ministre des affaires étrangères pro-Poutine. Il faut faire un front populaire aux législatives », a aussi réagi Benoit Hamon, candidat malheureux à l’élection présidentielle pour le PS en 2017.

« Il a raison, François. La gauche doit se retrouver », a de son côté déclaré Olivier Faure, premier secrétaire du PS, sur France 2 dimanche soir, en commentant le projet de Front Populaire de François Ruffin. Précédemment, Olivier Faure avait évoqué la perspective d’un « rassemblement utile » et appelé « chacun à réfléchir aux meilleures conditions pour un rassemblement qui permette d’avoir un projet, qui permette d’être entendu par les Français ».

« Il y a un rapport de force ce soir qui a évolué », indiquait aussi Olivier Faure dans la soirée, en faisant référence au candidat du PS aux Européennes : Raphaël Glucksmann, arrivé en tête des listes de gauche ce dimanche. Ce dernier n’a pas, pour l’heure, commenté ce projet de nouveau « front populaire » ou de négociations communes.

Marie Toussaint, en revanche, dont la liste EELV n’a réuni qu’un peu plus de 5 % des électeurs aux européennes, s’est dite favorable à un tel scénario : « soyons responsables, le 30 juin et le 7 juillet : la gauche et les écologistes doivent s’unir », a-t-elle posté sur X.

« Nous sommes face à cette responsabilité, c’est aujourd’hui que nous allons voir s’il y a des grands dirigeants de gauche. (...) Serons-nous capables d’être alliés », s’est aussi interrogée la députée écologiste Sandrine Rousseau sur France 2 dimanche soir.

« Je n’ai eu de cesse de proposer une liste commune NUPES pour les élections », a de son côté rappelé Manon Aubry, tête de liste LFI aux Européennes. « Elle nous aurait permis aujourd’hui de disputer la victoire au Rassemblement national. Après la dissolution c’est ce programme et cette stratégie que nous devons retrouver pour les législatives », a-t-elle lancé sur France 2. En 2022, c’était pour porter Jean-Luc Mélenchon à Matignon. De la place qu’il compte occuper dans les prochaines semaines dépendra beaucoup des perspectives de son camp.

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