Après le Conseil scientifique Covid-19, quelles missions pour le nouveau comité sanitaire ?

French Prime Minister Elisabeth Borne and Health and Prevention Minister Brigitte Bourguignon (L) and Francois Braun (R), the President of the SAMU emergency services visit Rene-Dubos hospital in Pontoise, north-west Paris on July 1, 2022. (Photo by Geoffroy VAN DER HASSELT / POOL / AFP)

GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Elisabeth Borne lors d’une visite dans un hôpital de Pontoise avec François Braun avant sa nomination au ministère de la Santé.

ÉPIDÉMIES - « Une équipe commando » qui ne se limitera plus qu’au seul suivi de la pandémie de coronavirus. C’est la formule utilisée par le nouveau ministre de la Santé, François Braun, pour qualifier le profil des futurs membres du « comité de veille et d’anticipation sanitaires ».

Ce nouveau groupe d’experts, instauré par décret et dont la nomination est imminente, prend la relève du Conseil scientifique chargé pendant 872 jours du suivi, des anticipations mais aussi de l’orientation de la stratégie vaccinale à mettre en place face à la pandémie de coronavirus en France. Une action présidée par Jean-François Delfraissy qui a pris fin le 31 juillet, en même temps que le régime d’état d’urgence sanitaire.

Projections, recommandations… Le nouveau « comité » a vocation à poursuivre le travail engagé sur le Covid-19, notamment sur les modélisations même si ces dernières sont de plus en plus « complexes et incertaines », comme l’expliquait fin juillet au HuffPost le modélisateur de l’Institut Pasteur, Simon Cauchemez. « Au cours des deux dernières années, nous avons démarré avec des modèles simples, qui se sont complexifiés progressivement pour intégrer l’impact sur l’épidémie des variants, des vaccins, ainsi que la décroissance de l’immunité », précisait cet ancien membre du Conseil scientifique.

Une nouvelle approche de « santé globale »

Mais le comité sera également chargé de nouvelles missions et d’une composition élargie de 11 à 19 membres pour anticiper ou se prémunir de « risques différents », explique-t-on au ministère de la Santé, qui chapeaute la sélection, en lien avec le ministère de la Recherche dirigée par Sylvie Retailleau.

Objectif ? Adopter une approche de « santé globale », en « s’appuyant sur une expertise toujours très pointue et indépendante mais ouverte à de nouveaux volets car les risques d’hier, ne sont pas forcément les risques d’aujourd’hui ou de demain. Il faut élargir à d’autres risques sanitaires liés aux agents infectieux atteignant l’homme et l’animal, aux polluants environnementaux et alimentaires ainsi qu’au changement climatique », explique-t-on.

Une nouvelle approche liant santé humaine, animale et environnementale, réclamée depuis deux ans par l’ONU et l’OMS, pour faire face aux risques épidémiques. Les déplacements géographiques des mammifères liés au réchauffement climatique ou à l’utilisation des terres par l’Homme renforcent, en effet, les risques de transmissions virales entre espèces qui n’avaient aucune interaction auparavant. Des experts ont d’ailleurs alerté, en avril dernier dans la revue Nature, sur « une épidémie de virus » d’ici à 2070.

Près de 10.000 virus « potentiellement zoonotiques » circulent aujourd’hui chez les mammifères. Parmi eux, impossible pour les auteurs de cette étude de désigner le futur responsable des épidémies à venir. « Il y a des risques de propagation de virus type coronavirus et Ebola mais il peut y avoir des surprises », indiquait Colin J.Carlson, professeur à l’Université de Georgetown, l’un des auteurs de ces travaux.

Le président dévoilé avant le reste de l’équipe

Reste à savoir à qui confier cette lourde tâche. Le nom du président du comité doit être dévoilé « dans les prochaines heures » mais la composition de l’ensemble des 16 autres scientifiques et des deux « représentants des patients et des citoyens » devrait, elle, être « échelonnée » sur plusieurs semaines.

Certains participants du Conseil scientifique pourraient être reconduits.

Les membres seront nommés pour une durée de deux ans, renouvelable une fois. « En cas de crise sanitaire », son président pourra « proposer de faire appel à des personnalités supplémentaires pour leurs expertises spécifiques », précise le décret. Ses avis seront transmis aux autorités avant d’être rendus publics.

À voir également sur Le HuffPost : Quelles alternatives pour faire face à la pénurie d’eau potable ?

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