Après des complications liées à un implant vaginal, une Britannique obtient plus d’un million d’euros

Sans recours médical pour ses douleurs, Yvette Greenway-Mansfield s’est fait retirer l’implant vaginal en 2020. Elle souffre aujourd’hui de douleurs chroniques et d’incontinence urinaire et fécale.
boonchai wedmakawand / Getty Images Sans recours médical pour ses douleurs, Yvette Greenway-Mansfield s’est fait retirer l’implant vaginal en 2020. Elle souffre aujourd’hui de douleurs chroniques et d’incontinence urinaire et fécale.

FEMMES - La semaine dernière, Le Parisien révélait les souffrances de dizaines de femmes à qui on avait posé des implants vaginaux. Ces dispositifs censés lutter contre l’incontinence et la descente d’organe post-accouchement peuvent avoir des effets secondaires graves, au point qu’en France, 78 plaintes ont été déposées pour « tromperie aggravée et blessures involontaires ».

Et, ces complications n’arrivent pas qu’en France. Outre-Manche, la britannique Yvette Greenway-Mansfield vient d’obtenir des dommages d’un million de livres, soit plus d’un million d’euros pour « négligence médicale » après la pose d’un implant vaginal. Auprès du Guardian, dans un article publié ce lundi 13 novembre, elle est revenue sur la négligence et les complications dont elle a été victime.

Un implant vaginal a été posé à la plaignante, aujourd’hui âgée de 59 ans, en 2009, après un prolapsus utérin. Les premières années, l’opération a l’air d’être un succès mais en 2017 des douleurs et des saignements commencent à gêner la victime. « Il m’a été suggéré que l’implant s’était peut-être érodé dans la paroi vaginale, a-t-elle expliqué au Guardian. J’étais choquée d’entendre cette information, parce que je n’avais aucune idée que de telles complications pouvaient survenir. »

Une opération prématurée et sans consentement éclairé

Et pour cause. Au Royaume-Uni, avant ce type d’opération chirurgicale, un formulaire de consentement indiquant les complications possibles doit être signé par le patient. Yvette Greenway-Mansfield a conservé ce document qui ne l’informait pas de ces risques. La version conservée par l’hôpital a été modifiée après sa signature pour y ajouter des mentions, notamment celles « d’échec, d’érosion de l’implant, de douleurs, de vessie hyperactive ou de thrombose veineuse profonde ». Une pratique illégale et plus que douteuse, qui prouve que la patiente a été opérée sans pouvoir donner un consentement éclairé.

Son action contre l’hôpital, qui a reconnu une faute médicale, a prouvé que l’opération avait été menée de manière prématurée, avant d’avoir épuisé d’autres possibilités médicales comme la physiothérapie ou l’entraînement de la vessie.

« Il faudrait de l’argent pour répondre automatiquement aux personnes endommagées par le mesh [terme anglophone qui désigne les implants de renfort et les bandelettes sous-urétrales, ndlr]. C’est une question de perception des femmes et de leurs problèmes de santé. On en a toutes assez », interpelle Yvette Greenway-Mansfield.

Elle s’est finalement fait retirer l’implant vaginal en février 2020 et souffre aujourd’hui de douleurs chroniques et d’incontinence urinaire et fécale.

Des signalements en France

En France, la pose d’implant de renfort pelvien par voie basse ou voie vaginale n’est plus possible depuis le 27 février 2020, excepté dans le cadre d’investigations cliniques. Elle est toujours possible par voie dite « haute », c’est-à-dire par coelioscopie. En moyenne, 21 000 implants ont été vendus chaque année en France entre 2014 et 2021.

Entre 2017 et 2022, L’agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé a enregistré 105 signalements de matériovigilance qui concernent 118 implants. L’ANSM précise qu’« une sous-déclaration n’est pas exclue ». Selon les données de l’étude Vigimesh, sur 18 000 femmes suivies pour implant vaginal, seules 2 à 3 % d’entre elles auraient subi des réinterventions pour des hémorragies, des infections ou des douleurs.

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