Après la colère des agriculteurs, la droite européenne tente d’enterrer ce texte sur les (très gros) élevages

Des porcs dans un camion de transport en route vers l’abattoir un abattoir dans l’ouest de l’Allemagne, le 16 juillet 2020. Photo d’illustration.
INA FASSBENDER / AFP Des porcs dans un camion de transport en route vers l’abattoir un abattoir dans l’ouest de l’Allemagne, le 16 juillet 2020. Photo d’illustration.

AGRICULTURE - Des élevages à grande échelle, qui engendrent des pollutions conséquentes. Pour réguler les émissions polluantes des élevages, la Commission européenne travaille depuis deux ans sur un texte clé. Mais alors que l’adoption du texte doit être votée par le Parlement européen mardi 12 mars, les eurodéputés conservateurs font bloc, et des manifestations d’agriculteurs sont attendues à Strasbourg.

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Objectif : enterrer cet accord, perçu comme une énième norme environnementale. Ce dernier vise en effet à imposer des normes de rejets polluants (oxyde d’azote, méthane, ammoniac via le lisier…) aux gros élevages. L’ambition du texte avait été largement amoindrie, en excluant notamment les élevages bovins, contrairement à ce que réclamait Bruxelles.

Il concerne donc en particulier les élevages de porcs et de volailles : seraient désormais concernées par des normes de rejets les installations porcines dès 350 « unités gros bétail » (UGB) soit environ un millier de porcs, et de poules pondeuses dès 300 UGB (quelque 20 000 poules). Ces nouveaux seuils, qui s’appliqueraient progressivement à partir de 2030, sont très en deçà des propositions initiales de Bruxelles qui voulait viser des élevages deux fois plus petits (dès 150 UGB).

Le PPE veut revenir au statut quo

De façon inhabituelle à ce stade, un groupe d’élus majoritairement PPE (droite) a soumis des amendements pour le réviser, au risque donc de rouvrir les négociations. Les amendements rétablissent l’exact statu quo des normes actuelles, qui s’appliquent à partir de 2 000 porcs et 40 000 poules. « Une majorité » des élus du PPE présents lundi à une réunion du groupe « soutiennent ces amendements, nous avons une position agricole très forte », a indiqué l’élue française Anne Sander, se disant confiante dans les chances de les faire voter en séance plénière.

Le maintien du statu quo est réclamé par le Copa-Cogeca, fédération des syndicats agricoles majoritaires européens, inquiet de « coûts supplémentaires », et le sujet a alimenté la récente colère du secteur. Le texte « mettrait à mal les structures familiales françaises qui n’auront pas les moyens de se payer ces mises aux normes. La production européenne continuerait de diminuer et serait substituée par des importations », s’alarment dans un communiqué les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs, appelant à manifester mardi devant le Parlement à Strasbourg.

Un texte qui offre déjà de « vastes concessions »

Le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, s’était lui-même dit fin février intéressé par des « amendements parlementaires » pour « aboutir au statu quo sur les volailles et porcs » et « ne pas alourdir les procédures ». Alarmées, les ONG environnementales appellent les eurodéputés à valider l’accord de novembre, rappelant qu’il offre déjà de « vastes concessions » aux agriculteurs et que le rouvrir « mettrait en péril » les avancées visant les sites industriels.

Pour calmer les esprits, Pascal Canfin, président de la commission parlementaire Environnement, a évoqué la possibilité d’entériner l’accord mais en réclamant « une déclaration politique » pour clarifier sa mise en œuvre. Bruxelles serait tenu d’y détailler des mesures de « simplification » et « l’ingénierie financière » pour accompagner les élevages d’ici à l’application en 2030, tout en imposant les mêmes conditions aux produits importés.

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