Après "Broute", Bertrand Usclat décroche un premier rôle au cinéma: "Ça m'a fait un bien fou"

Bertrand Usclat en 2020 - Joel Saget
Bertrand Usclat en 2020 - Joel Saget

Le public l'a connu dans des formats courts, sur Internet. Il va apprendre à le redécouvrir sur grand écran, dans un long-métrage de cinéma. Connu pour la pastille humoristique Broute, Bertrand Usclat s'attaque désormais au cinéma. Il partage ce mercredi avec Ahmed Sylla l'affiche du film Jumeaux mais pas trop.

Une comédie au pitch gentiment subversif: 33 ans après leur naissance, deux frères jumeaux découvrent soudainement l’existence l'un de l'autre. Pour Grégoire, candidat (de droite) à la mairie d'Angoulême, et Anthony, qui multiplie les petits boulots, la surprise est d’autant plus grande que l’un est blanc, et l’autre est noir. Ils vont apprendre à se connaître et à découvrir le secret de leur naissance.

Bertrand Usclat a été conquis par cette histoire qui déjoue les clichés, confie-t-il à BFMTV: "Je trouvais hyper beau de partir d'un pitch qui pourrait ressembler à un pitch de mauvais film. On aurait pu faire des blagues sur les différences entre les familles françaises et africaines, mais le film prend une direction que je trouve hyper surprenante pour une comédie française. Les gens vont sortir avec plus que ce qu'ils sont venus voir."

Après le succès de Broute, Bertrand Usclat a reçu beaucoup de propositions - "pas mal de comédies, quelques drames, que des trucs pas hyper appétissants" -, mais c'est pour Jumeaux mais pas trop qu'il a eu un coup de cœur: "Comme je connais le travail d'Ahmed, et que je sais très bien les films qu'il défend, je savais que Jumeaux mais pas trop allait éviter un humour potache malaisant."

"J'ai un peu redécouvert le métier"

Pour Bertrand Usclat, cette première expérience s'est révélée jouissive: "J'étais un peu soulagé d'avoir du temps pour jouer, parce qu'il y avait une règle dans Broute: je n'avais pas le droit de faire un personnage qui avait un biorythme lent, parce que sinon ça faisait qu'il parlait lentement et il y avait moins de blagues qui rentraient en 2 minutes 30, le format imposé."

Pendant quatre ans, Bertrand Usclat a joué dans Broute une variété de personnages similaires, tous reconnaissables à leur "débit plutôt rapide". "Là, pour la première fois, mon but n'était pas de débiter le plus de texte, mais d'être bon à l'interprétation. Ça m'a fait un bien fou de revenir à ma formation initiale", confie cet ancien élève du Conservatoire national supérieur d'art dramatique. "J'ai un peu redécouvert le métier."

Et il est sorti de sa zone de confort pour ce film où il a dû pleurer pour la première fois à l'écran. Un défi pour lequel il a été aidé par Ahmed Sylla: "S'il y avait eu quelqu'un d'autre, ça ne se serait pas passé comme ça", estime-t-il. "Je ne suis pas une machine de jeu. J'ai vraiment besoin d'avoir un lien avec mes partenaires de jeu. Je ne peux pas jouer dans n'importe quelle condition. J'ai mis du temps à m'en rendre compte."

Jamais sans Pauline Clément

L'acteur, qui a multiplié les petits rôles ingrats avant de percer avec Broute, connaît trop bien les "castings humiliants dans des bureaux pourris parisiens", où les conditions sont rarement réunies pour donner le meilleur de soi-même: "Il faut garder la foi. Réussir à avoir une étincelle dans les yeux, c'est un métier qui est immensément dur", insiste celui qui s'est fait connaître au sein du collectif Yes vous aime.

"Sans être capricieux", Usclat reconnaît qu'il lui est difficile de "venir jouer un truc avec quelqu'un que je ne connais pas, pour quelque chose qui est juste mon taf": "à un moment, j'avais perdu la foi parce que j'ai l'impression d'être dans une industrie de l'actorat. C'est pour ça que j'ai commencé à monter des trucs avec mes potes." Et le cinéma l'associe souvent à Pauline Clément, sa complice de Broute.

Le duo s'est croisé brièvement dans Menteur, une comédie d'Olivier Baroux sortie cet été. Il se reforme dans Jumeaux mais pas trop. À croire que Bertrand Usclat a fait inscrire dans ses contrats qu'il ne pouvait pas tourner sans Pauline Clément. "J'aimerais que ce soit ça tellement c'est un bonheur de travailler avec elle", s'exclame-t-il. "D'ailleurs, c'est toujours elle qui est choisie en premier. Elle est plus forte que moi!"

"J'ai vraiment réglé un truc avec 'Broute'"

"Hyper fier" de Jumeaux mais pas trop, Bertrand Usclat ne tient pourtant pas à le revoir. "Je ne m'assume pas. Je veux qu'il fasse sa vie avant de le revoir." Il faut dire que son personnage, un homme politique passé par Sciences Po, lui rappelle son propre parcours. "Sauf que lui a réussi", précise l'intéressé. "Moi, j'ai raté Sciences Po." Mais il a longtemps été obsédé, comme son personnage, par le besoin de reconnaissance.

"Maintenant, c'est réglé", assure l'acteur. "Je rêvais de faire du cinéma et après Broute, je m'en foutais. J'ai vraiment réglé un truc avec Broute, sincèrement. J'essaye maintenant de ne pas me créer de nouvelles chimères. Ce qui m'éclatera toute ma vie, je crois, ce sera ce que j'ai fait avec Broute. Tout ce que j'écrirai, tous les films que je réaliserai, ce sera toujours cette même thématique. Je veux être fidèle à ça."

Casser son image l'intéresse peu. "À partir du moment où tu n'assumes pas qui tu es, on te prend pour quelqu'un d'autre. J'ai toujours voulu avoir des rôles plus lourds, mais ce n'est pas qui je suis. J'ai pu trouver ma sensibilité et ma gravité à partir du moment où j'ai accepté que j'étais léger. Après, la vie est longue. Je vais vieillir. Je vais peut-être me casser les dents, finir alcoolo et là on dira de moi que je suis grave."

La suite de "Broute"?

En attendant, Bertrand Usclat prépare le retour de Broute chez Canal+. Fini la pastille de 2 minutes. L'humoriste rêve de proposer "une version longue" de son programme. Mais malgré une annonce lors de la conférence de rentrée de la chaîne cryptée, rien n'est officiel pour l'instant, selon lui: "Ce sont eux qui l'affirment. Je suis un auteur, donc je doute."

Il a commencé l'écriture. "J'ai des idées, des pistes, mais en fait, je ne sais pas si c'est bien. J'ai un problème de confiance. Je n'aime aucun épisode de Broute jusqu'à ce qu'il soit sorti. J'apprends à les aimer après coup. Mes pitchs, j'ai tellement le nez dedans que je n'arrive pas à dire si c'est super ou si c'est catastrophique - si je ne vais pas péter ma marque que je développe depuis quatre ans avec le projet de trop."

Ce nouveau Broute sera avec la même équipe. Bertrand Usclat rêve également d'accueillir des personnalités du cinéma, dont Ahmed Sylla, pour faire des caméos. "J'espère que maintenant les gens vont bien vouloir jouer dedans." Il planche aussi sur l'écriture d'un film de fiction, une comédie. "Je pars sur un maire de gauche, pour poser la question du vivre-ensemble. Je trouve ça super intéressant."

Article original publié sur BFMTV.com