Après l’attaque contre Salman Rushdie, les ventes des « Versets sataniques » s’envolent

Le livre de l’écrivain britannique suscite l’intérêt au lendemain de son agression aux États-Unis et 34 ans après sa parution.

SALMAN RUSHDIE - C’est un retour de succès immédiat. Parus en 1988, Les Versets sataniques suscitent à nouveau l’intérêt des lecteurs ce samedi 13 août, au lendemain de l’agression de l’écrivain Salman Rushdie, poignardé la veille lors d’une conférence qu’il donnait dans l’ouest de l’État de New York.

En France, ce regain d’intérêt se mesure sur la page des meilleures ventes Amazon, comme l’a repéré BFM TV. En 40e position vendredi 12 août, Les Versets sataniques ont été propulsées à la troisième place des meilleures ventes de livres en France ce samedi.

Même succès sur la version internationale d’Amazon où le roman figure à la 12e place du classement des ventes. Toujours selon BFM TV, l’intérêt des lecteurs se mesure aussi dans les magasins Fnac, chez Gibert, mais aussi dans les librairies parisiennes où le roman est indisponible dans la plupart des rayons ce samedi.

Un intérêt littéraire à la hauteur de la vague d’émotion qui secoue le monde. Hospitalisé, l’écrivain âgé de 75 ans pourrait « perdre un œil », selon les propos de son agent Andrew Wylie au New York Times, qui précise que « les nerfs de son bras ont été sectionnés et qu’il a été poignardé au niveau du foie ».

Le roman à l’origine de la fatwa

Le roman du célèbre écrivain a déjà été au cœur de l’attention, 34 ans plus tôt. Publiés en septembre 1988, Les Versets sataniques ont provoqué la colère du monde musulman, qui a dénoncé une injure au Coran. C’est d’abord l’Inde qui en interdit sa vente, puis une vingtaine de pays lui ont emboîté le pas.

De multiples incidents ont éclaté, à commencer par l’organisation d’un autodafé en Bradford en Angleterre, en 1989. Au Pakistan, après l’annonce de la publication du roman aux États-Unis, c’est un centre culturel américain qui avait été attaqué par des milliers de personnes, aux cris de « Pendez Rushdie ! ». Partout dans le monde, les traducteurs de son roman sont blessés ou assassinés.

Finalement, le 14 septembre 1989, la prise de parole de l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny achève de faire de Salman Rushdie, l’ennemi numéro un des extrémistes religieux. Le dignitaire religieux appelle les musulmans au meurtre de l’écrivain et des éditeurs, « où qu’ils se trouvent », qualifiant Salman Rushdie de « blasphémateur ».

Que contient le livre ?

Le Coran est cependant loin d’être au centre de l’intrigue de son roman. Les Versets sataniques suivent le destin de deux migrants indiens en Grande-Bretagne, qui survivent miraculeusement à l’explosion de leur avion en plein vol. Le récit se concentre alors sur le déracinement des deux hommes et les défis de leur intégration sur le sol britannique, un thème cher à l’écrivain d’origine indienne.

C’est au cœur du second chapitre, qu’une dizaine de pages de l’ouvrage vont conduire à cet embrasement. Le romancier y met en scène Satan, qui suggère au personnage Mahound - directe allusion au prophète Mahomet - certains versets reconnaissant l’existence d’autres divinités, et remettant ainsi en question le monothéisme de la religion musulmane. Un épisode fictionnel qui s’inspire en fait d’un litige théologique majeur bien réel, selon Le Point, les théologiens musulmans s’interrogeant encore sur l’existence de ces versets dits « sataniques ».

D’autres éléments de ces passages ont par ailleurs pu contribuer au lancement de la fatwa telle que la description comique du personnage de Mahound, jugée blasphématoire pour le prophète Mahomet, et considérée comme une injure au Coran selon certains religieux fondamentalistes.

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