Appel à témoins et garde à vue dans l'enquête sur les attentats

PARIS-BRUXELLES (Reuters) - La police française a lancé dimanche soir un nouvel appel à témoins pour identifier l'un des kamikazes qui ont participé aux attentats du 13 novembre, tandis que les enquêteurs continuaient d'entendre l'un des suspects de Saint-Denis. L'appel à témoins concerne l'un des trois hommes qui se sont fait exploser aux abords du Stade de France, à Saint-Denis, au nord de Paris. Seul l'un d'eux a été identifié. Les deux autres kamikazes ont été contrôlés ensemble le 3 octobre dernier en Grèce. Les recherches se poursuivaient en parallèle pour retrouver Salah Abdeslam, 26 ans, qui a loué deux des trois véhicules utilisés dans les attaques du 13 novembre et a été ramené en Belgique par deux hommes interpellés et incarcérés depuis. L'un de ses frères, Brahim Abdeslam, a commis un attentat-suicide contre un restaurant du XIe arrondissement de Paris. Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a estimé dimanche lors d'une interview à la télévision belge que Salah Abdeslam n'était pas "allé au bout de ce qu'il souhaitait faire" le soir des attentats. "Salah est quelqu'un de très intelligent, (...) il a peut-être vu ou entendu quelque chose et il a décidé de ne pas aller au bout de ce qu'il souhaitait faire", a-t-il dit à la RTBF. "Nous souhaitons que Salah se rende pour qu'il puisse nous apporter les réponses que nous attendons. Nous préférons voir Salah en prison plutôt qu'au cimetière", a-t-il ajouté. En France, la garde à vue de l'homme qui a fourni un appartement à Saint-Denis au chef opérationnel présumé des attentats a été prolongée de 24 heures dimanche, a-t-on appris de source judiciaire. Interpellé mercredi lors de l'assaut des forces de police à Saint-Denis, Jawad Bendaoud avait déclaré sur BFM TV juste avant son arrestation qu'il avait "rendu service" en mettant un logement à disposition de plusieurs personnes pour une durée de "trois jours". "Je n'étais pas au courant que c'était des terroristes", avait-il notamment déclaré. LE TROISIÈME MORT DE SAINT-DENIS TOUJOURS PAS IDENTIFIÉ Depuis 2006, une garde à vue en France peut durer jusqu'à six jours dans les affaires de terrorisme s'il existe un "risque sérieux de l'imminence d'un acte terroriste" ou en cas de "nécessité d'une coopération internationale". Les gardes à vue de sept des huit personnes interpellées au total mercredi dernier en marge de l'assaut du RAID ont été levées samedi. Ces personnes semblent être hors de cause. Cinq d'entre elles sont soupçonnées d'être des sans-papiers qui squattaient le bâtiment. Trois personnes ont été tuées dans l'assaut de mercredi dernier, dont Abdelhamid Abaaoud, un Belge d'origine marocaine et une figure de l'EI considéré désormais par les enquêteurs français comme le chef opérationnel, voire un participant direct aux attentats qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés. Une empreinte digitale d'Abdelhamid Abaaoud a été relevée sur une des trois kalachnikov retrouvées dans la Seat abandonnée à Montreuil-sous-Bois, à l'est de Paris, par les terroristes, selon deux sources, proches l'une de l'enquête, l'autre du dossier. Ce véhicule a été utilisé par les hommes qui ont attaqué les bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements, pendant qu'un autre commando attaquait le Bataclan et qu'un dernier déclenchait des explosions à Saint-Denis. Abdelhamid Abaaoud a en outre été vu en train de pénétrer dans le métro à la station Croix-de-Chavaux, à Montreuil-sous-Bois, près du lieu où la Seat a été retrouvée, le vendredi soir, peu après les attaques. Le rôle de la jeune femme tuée mercredi, Hasna Aït Boulahcen, semble lui de plus en plus circonscrit. Elle aurait pu être appelée en dernier ressort par Abdelhamid Abaaoud, mardi, pour lui trouver une "planque". Le commando était prêt à passer à l'acte, selon le procureur de Paris, François Molins. Le troisième homme tué lors de l'intervention policière n'était toujours pas identifié dimanche, a-t-on précisé de source judiciaire. (Sophie Louet)