Des antibiotiques seront bientôt vendus en pharmacies à l’unité

Cette photo présente plusieurs médicaments ensemble, gellules, cachets, toute la panoplie des médicaments existants.
Capelle.r / Getty Images Cette photo présente plusieurs médicaments ensemble, gellules, cachets, toute la panoplie des médicaments existants.

SANTÉ - Délivrer les antibiotiques à l’unité. C’est une des pistes de lutte contre les pénuries de médicaments révélée par franceinfo ce mercredi, grâce à une source gouvernementale. L’hiver 2022 avait en effet été marqué par des pénuries de paracétamol et d’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit aux enfants.

Pour lutter contre ces tensions d’approvisionnement, certains médicaments devront donc être obligatoirement délivrés à l’unité en pharmacie. Mais cette règle ne devrait pas concerner tous les cas de figure.

Des comprimés à l’unité uniquement pour les antibiotiques en tension

Auprès de l’Agence France-Presse (AFP), une source proche du dossier révèle que cette mesure a pour but de lutter contre les pénurie de médicaments, et souligne qu’elle a aussi un intérêt en matière d’antibiorésistance. « Il n’y a pas de rationnement », relate l’AFP. « L’idée, c’est de rendre obligatoire la distribution de médicaments à l’unité quand il y a tension. Mais pas tous, uniquement certains antibiotiques ». Selon franceinfo, l’exécutif souhaite ainsi éviter que « des boîtes à moitié consommées ne traînent dans les placards des Français alors qu’on en manque ».

Une décision qui pourrait aussi contribuer à réduire le gaspillage en délivrant le nombre exact de comprimés prescrits d’antibiotiques, à l’heure où en France, la consommation d’antibiotiques reste parmi les plus élevées en Europe.

Des tests déjà menés

La vente à l’unité a été expérimentée en France entre novembre 2014 et 2015 pour une dizaine d’antibiotiques dans 75 pharmacies de ville, une expérience menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

À la suite de cette expérimentation, le principe d’une dispensation à l’unité de certains médicaments, notamment les antibiotiques, a été entériné dans la loi anti-gaspillage (loi Agec de 2020) et le dispositif rendu possible à partir de 2022.

Sur la délivrance d’antibiotiques, le gouvernement veut aussi permettre aux patients d’obtenir un diagnostic en pharmacie en cas de soupçon d’angines ou de cystites, puis un éventuel traitement sans ordonnance si le test d’aide au diagnostic (Trod) s’avère positif.

Face à cette annonce, des pharmaciens perplexes

Chez les pharmaciens, le projet semble laisser perplexe : les professionnels s’interrogent sur les modalités pratiques, notamment au niveau de la traçabilité des médicaments consommés. « Découper les blisters (coques d’emballage, ndlr), ce n’est pas la bonne réponse. En termes de traçabilité en numéro de lot, c’est une vraie galère », estimait la semaine dernière le président de l’union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo).

Le lobby des laboratoires pharmaceutiques (Leem) affirme que d’un point de vue industriel, « il n’y a pas de consensus sur la délivrance à l’unité ». Une mesure qui s’accompagne de questionnements sur le prix des médicaments, alors que la question de la souveraineté sanitaire a été au coeur des interventions estivales d’Emmanuel Macron.

Un geste vers les industriels

L’exécutif cherche à s’attaquer aux pénuries de médicaments sur plusieurs fronts : relocalisation de la production de médicaments jugés essentiels, révision des prix de certaines molécules, meilleure gestion de stocks, etc.

Dans un entretien au quotidien économique Les Echos mardi, le ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure a fait un geste envers l’industrie pharmaceutique en annonçant un plafonnement de la contribution financière que doivent reverser les laboratoires à l’Assurance maladie lorsque leur chiffre d’affaires dépasse un seuil donné.

Mais en cas d’arrêt de la production d’un des 6.000 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), « l’Etat pourra demander à l’entreprise de céder gratuitement l’exploitation du médicament pendant deux ans » s’il n’y a pas de

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