Anthéa, une esclave d'aujourd'hui

Anthéa, une esclave d'aujourd'hui

«La Proie», troisième roman de Philippe Arnaud, part de l'enfance africaine d'une jeune fille et la suit en France à travers l'engrenage infernal de la servitude.

Arrêtons-nous sur une date dans la vie d'Anthéa, l'héroïne de la Proie, troisième roman de Philippe Arnaud. Nous sommes à la moitié du livre. C'est le jour de ses 14 ans. Et, rien. Rien ne se passe, on ne le lui fête pas, on n'y prête pas même attention. La famille dans laquelle vit Anthéa à Paris est blanche. Elle-même est noire. Ils l'ont fait venir du Cameroun un an auparavant.

Avant les 14 ans d'Anthéa, il y a une enfance en Afrique, dans un village où «le temps passe sans que rien ne bouge. On grandit sans s'en rendre compte, entre le rituel de l'école et celui des soirées. Aux adultes les soucis.» Le père est fonctionnaire, mal payé, et irrégulièrement. Avec sa cousine, Anthéa a d'imprévisibles et magnifiques fous rires. Avec sa mère, elle travaille sagement, au marché et à la maison. Dessiner et raconter des histoires, Anthéa sait le faire aussi. En revanche, à l'école, elle s'ennuie, elle perd confiance. Confronté à quatre-vingt-dix élèves, comment l'instituteur pourrait-il l'aider ?

Bourreaux

Peut-être est-ce là, dans le sentiment qu'a Anthéa parfois de ne pas être à la hauteur, que la cruauté va pouvoir s'engouffrer. Après ses 14 ans, un engrenage fatal la précipite vers l'enfer, tant et si bien qu'à la lecture, on est oppressé, comme elle lorsqu'on l'enferme, comme elle lorsqu'on la menace. Anthéa s'efforce de comprendre ce qu'on attend d'elle, de devancer les désirs de ceux qui se sont transformés peu à peu en patrons, puis en bourreaux, d'anticiper les mauvais coups qui s'annoncent. Mais comment prévoir le pire ? L'individu sadique tire une grande part de sa satisfaction dans l'imprévisibilité de son comportement.

Quand Christine et Stéphane, un couple qui rentrait en France, (...)

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