« Anselm : le bruit du temps » : quand Wenders raconte Kiefer

Les robes en plâtre d'Anselm Kiefer filmées par Wim Wenders.  - Credit:Les films du Losange
Les robes en plâtre d'Anselm Kiefer filmées par Wim Wenders. - Credit:Les films du Losange

« Au début, j'ai eu peur de notre ressemblance, confie Wim Wenders, et si c'était un piège ? Nous sommes nés la même année, en 1945, nous avons joué dans le même fleuve, le Rhin. Nous avons vécu les mêmes silences sur le passé de l'Allemagne. Nous avons éprouvé les mêmes questionnements. Jeune, je voulais être peintre et lui m'a confié avoir voulu devenir cinéaste… »

Ce jumeau mystérieux de Wim Wenders, c'est Anselm Kiefer, le grand peintre et plasticien auquel l'auteur des Ailes du désir (1987), tout juste récompensé pour l'ensemble de son œuvre par le Prix Lumière à Lyon, consacre un admirable documentaire, un portrait d'une saisissante profondeur de champ – au sens propre comme au figuré, puisque le film (en salle) est en 3D.

Anselm : le bruit du temps s'ouvre sur une vision somptueuse, onirique, celle des robes en plâtre de Kiefer disposées dans la nature, au soleil couchant. Bientôt, le film nous entraîne dans l'atelier de l'artiste en Seine-et-Marne, un espace (d'anciens entrepôts de la Samaritaine) qui est « grand comme une usine », décrit Wim Wenders. « Un lieu de création étonnant par son ampleur, ça coupe le souffle. J'ai voulu la 3D aussi pour cela : pour amener le spectateur avec moi dans les allées où on se promène entre des installations hautes comme des arbres… » Wenders nous transporte aussi à Barjac, lieu mythique pour qui s'intéresse à son œuvre, véritable atelier-monde où l'artiste a travaillé pendant des décennies avant de le quitter pour [...] Lire la suite