La Turquie justifie l'envoi de troupes dans le nord de l'Irak

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. Ankara a justifié lundi l'envoi de troupes turques près de Mossoul, dans le nord de l'Irak, par la nécessité de protéger ses soldats présents pour y entraîner l'armée irakienne après que Bagdad eut exigé leur départ. /Photo d'archives/REUTERS/Umit Bektas

ISTANBUL/ERBIL (Reuters) - Ankara a justifié lundi l'envoi de troupes turques près de Mossoul, dans le nord de l'Irak, par la nécessité de protéger ses soldats présents pour y entraîner l'armée irakienne après que Bagdad eut exigé leur départ. Plusieurs centaines de soldats turcs ont été envoyés jeudi dans un camp de la région de Bachika, au nord-est de Mossoul, dans le cadre d'une rotation de routine, assure le gouvernement turc. Ce déploiement est, selon Ankara, justifié par la nécessité de protéger les instructeurs turcs. Mais l'Irak a dénoncé une violation de sa souveraineté et le Premier ministre Haïdar al Abadi a déclaré qu'il saisirait le Conseil de sécurité des Nations unies si les troupes turques n'étaient pas retirées dans les 48 heures. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a toutefois assuré qu'Haïdar al Abadi avait demandé à plusieurs reprises à Ankara d'amplifier son soutien et, selon lui, plusieurs pays ont incité Bagdad à réagir aussi vigoureusement, sans donner davantage de précisions. "Nous devons offrir une sécurité à nos soldats qui dispensent des formations là-bas", a dit Mevlut Cavusoglu, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision turque Kanal 24. "Leur rôle est clair. Des entraînements sont dispensés et des équipements sont fournis. Notre présence là-bas n'est un secret pour personne", a-t-il encore déclaré, prévenant au passage, qu'à son avis, les frappes aériennes ne suffiront pas pour déloger les combattants de l'Etat islamique des positions qu'ils occupent en Syrie. Un responsable turc a expliqué qu'Ankara avait été surpris par la réaction de Bagdad. "Rien dans ce qui a eu lieu ne s'est produit sans que le gouvernement central en ait été informé", a-t-il dit. "Les militaires présents pour des entraînements resteront. Pas parce que nous y tenons particulièrement mais parce que cela correspond à une demande du gouvernement irakien. Les discussions avec le gouvernement central se poursuivent." Le nombre de soldats turcs présents en Irak est bien inférieur à un millier, a-t-il précisé. Brett McGurk, représentant de la Maison blanche au sein de la coalition montée contre l'Etat islamique, a déclaré sur Twitter que Washington n'approuvait pas les missions menées sur le territoire irakien qui n'auraient pas au préalable recueilli l'assentiment de Bagdad, ce qui est selon lui valable aussi pour les missions menées par l'armée américaine. (Daren Butler et Isabel Coles, Nicolas Delame pour le service français)