Quand les animaux deviennent des espions scientifiques en milieu hostile

Équiper des animaux d'une batterie de capteurs pour mettre au jour leurs incroyables capacités d'adaption à des conditions difficiles, tel est l'objectif du bio-logging. Une technique qui permet aussi de recueillir de précieuses données sur leur environnement.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°215 daté octobre/ décembre 2023.

C'est un animal qui a longtemps échappé à la science. Un prédateur marin de l'Atlantique Nord dont on ne savait quasiment rien avant les années 1990. Non pas que le phoque à capuchon, Cystophora cristata, fût un inconnu : son nez orné d'une curieuse cloison, ou septum, dont les mâles usent comme d'une vessie gonflable lors des parades nuptiales, lui a valu une certaine publicité.

Mais parcourant des milliers de kilomètres et ne séjournant hors de l'eau que deux fois par an - en mars et juillet, au moment de la reproduction et de la mue -, sur de la banquise flottante, il était jusqu'à récemment presque impossible à étudier, explique Tiphaine Jeanniard du Dot, chercheuse CNRS au CEBC, Centre d'études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres) : "Et c'était bien dommage, car le phoque à capuchon possède deux caractéristiques uniques chez les mammifères : il détient le record de plongée pour aller chercher ses proies dans les eaux de l'Arctique - jusqu'à plus de 800 mètres - et sa période d'allaitement est la plus courte au monde : trois à quatre jours ! Ses bébés sont abandonnés une semaine après la naissance. Ils naissent déjà recouverts d'un pelage définitif et hydrofuge au terme d'une stupéfiante, et inédite, mue in utero. "

Comment une espèce ayant poussé aussi loin sa spécialisation pourra-t-elle s'adapter au changement climatique ? "Depuis quelques années, une forte diminution de la couverture en glace de mer de l'océan a été constatée dans plusieurs des régions de l'Atlantique Nord qu'il fréquente. Or, cette banquise flottante est non seulement utile à sa reproduction et à sa mue, mais aussi indispensable à son alimentation, car elle abrite des poissons", poursuit la biologiste. Une autre interrogation concerne la température des eaux de surface, dont l'augmentation pourrait déplacer les proies vers des profondeurs inaccessibles aux plus jeunes. Tous survivront-[...]

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