Angela Merkel, la chancelière aux quatre présidents

Angela Merkel connaît l’Élysée presque mieux que son locataire attitré : elle y fut reçue la première fois en novembre 2005 par Jacques Chirac. Quatre mandats de chancelière plus tard, la fille de pasteur élevée dans l’ex-RDA est devenue le phare politique d’une Allemagne prospère et stable. À 67 ans, elle s’apprête à quitter le pouvoir sans véritable concurrent ni héritier naturel. Son style tout en sobriété et son amour du compromis lui ont valu la confiance de ses compatriotes. Et l’estime des présidents français qui l’ont côtoyée. Enquête dans les coulisses des quatre derniers couples franco-allemands.

Une page d’histoire politique se tourne. D’histoire tout court. Écrite avec une force de caractère digne d’un héros de Richard Wagner, dont Angela Merkel et son mari ne ratent jamais le festival à Bayreuth, en Bavière. Détachée des eaux calmes de la Spree, à Berlin, où les bateaux de croisière paressent sous les fenêtres de la « Waschmaschine » (la « Machine à laver »), le surnom donné à la chancellerie. À l’issue des élections du 26 septembre, « Mutti » (« Maman »), comme l’appellent affectueusement les Allemands, lâchera les rênes du pays après seize années de règne. Angela Merkel, élue en 2005, c’est quatre présidents américains, cinq Premiers ministres britanniques, une palanquée d’Italiens, d’Espagnols, etc., et quatre rois de France ! Elle a connu les amabilités de Jacques Chirac, les emportements de Nicolas Sarkozy, les ambiguïtés de François Hollande et le « en même temps » d’Emmanuel Macron. La moitié des présidents de la Ve République se sont heurtés à son art de la négociation et à son penchant pour… la tarte aux prunes. En seize ans, Angela Merkel s’est tantôt réjouie, tantôt agacée de ce compagnon français parfois fougueux, souvent exaspérant. Mais toujours séducteur…

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Je ne suis pas vaniteuse mais je sais utiliser la vanité des hommes

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« Ça, vous ne l’emportez pas à Dresde ! Ça reste au Louvre ! » Mains dans les poches, Jacques Chirac part dans un grand rire. Au château de Versailles, dans le froid rugueux de cette fin janvier 2006, le président français la joue à l’humour. Mais la chancelière ne se laisse pas facilement amadouer. Ni par l’exposition sur les « Splendeurs de la cour de Saxe » ni par les bons mots du président. Merkel a appris à se méfier des vieux combattants rusés aux accents(...)


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